vendredi 3 septembre 2010

Au pays de Lupita

A la frontière
En Equateur: Après les traditionnels contrôles de sécurité, nous avons cru que l'on allait revivre un remake de Midnight Express, en entendant mon nom (sérieusement déformé genre 'clo ouctéaou') appelé au micro de l'aéroport. Comme on nous le demandait, nous nous présentons à la porte d'embarquement et le type nous dit que nos bagages vont être fouillés, par des gros douaniers, avant d'êtres chargés dans l'avion. Finalement, après un petit contrôle, tout va bien, personne n'a glissé de substances illicites dans nos sacs!

Au contrôle de l'immigration, une bonne femme zélée dévisage David, qui bien entendu, ne ressemble plus trop à la photo sans barbe d'il y a 5 ans! Et oui, 5 ans + 1 barbe, ça vous change un homme!

Enfin bref tout ça pour dire, que nous, on n'aime pas les frontières dans les aéroports, on préfère les bonnes vieilles frontières terrestres, les vieux ponts entre deux pays et les flics qui demandent où est inscrite ta date de naissance sur le passeport (rappelez vous, il y avait trois possibilités: 1982, 2005 et 2015!)

Au Mexique: plus de questionnaire de santé pour savoir si tu as la grippe H1N1 comme en octobre dernier, la grippe est enterrée!

MexiIIIIcoooo
Nous mettons le nez dehors après une bonne nuit de sommeil. Nous redécouvrons avec un immense plaisir Mexico, ses églises et immeubles pas droits, sa place géante, ses odeurs de tacos, sa beauté. C'est un vrai plaisir de se balader dans les rues de la ville. La 1ère fois on pensait que l'altitude nous tournait la tête, cette fois on réalise que ce n'est pas du tout ça... ce sont les bâtiments penchés et déformés qui bouleversent notre sens de l'équilibre. Rien n'est plat, rien n'est droit, même si tout à l'air plat et droit!

Notre perception de la ville est différente, nous avons 11 mois de folie latino dans les yeux et les oreilles. Mexico a moins l'air d'un souk géant, elle ressemble toujours à une grande ville immense, mais elle nous paraît « normale ».
Nous profitons de ce retour à la case départ pour faire ce que nous n'avions pas pris le temps de faire, car en octobre nous voulions juste échapper à cette géante grouillante. Maintenant on a l'impression de la connaître, elle ne nous étouffe plus.
De ruelles en ruelles, dans le quartier de la Calle Moneda, on écoute le bruit incessant des marchants à la sauvette qui s'égosillent pour vendre leur camelote: « a diez a diez a diez... ». A 10 pesitos on trouve tout, on trouve des slips, des chaussettes, des sacs, des pots de colles, des chapeaux, des drapeaux, des peignes... La Santa Muerte du coin de la rue a changé de robe, elle est bien plus belle que le Jésus à bosse en face d'elle. L'étalage de piments qui mettraient le feu à des dragons est toujours là, le drapeau du Zocalo est rangé et les autels de la Vierge de la Guadalupe (Lupita pour les intimes) fleurissent.

Au pays de Lupita, les catcheurs sont aussi sacrés qu'elle, la lucha libre déchaine les passions, les tortas al pastor n'attendent que nous, non c'est plutôt nous qui n'attendons qu'elles... J'ai presque oublié le goût des tortillas... la seule différence avec octobre, c'est que maintenant je les aime!
Le piment pique toujours, les mexicains sont toujours aussi gros et moustachus, toujours aussi félés de mettre autant de « chile » dans leurs estomacs, un peu ça va, mais une véritable dose mexicaine vous collerait au plafond pour des lustres!
Mexico en Juillet c'est aussi Mexico sous la pluie. Par chance le déluge ne s'abat que le soir, ce qui nous laisse le temps de profiter de la fin des journées à la terrasse d'un « Salon Corona », au son des musiciens des rues. La ville se pare des ses atours verts, blancs, rouges et s'apprête à célébrer le bicentenaire de son indépendance et le centenaire de la révolution. Zapata est porté aux nues, les zapatistes du Chiapas pas vraiment.


Nous prenons la direction de Coyoacan, le quartier bohème où vivaient Frida, Diego et leur ami Léon... Oui, Frida Kahlo, Diego Rivera et Léon Trotsky hantent toujours ce beau quartier et la maison bleue des plus célèbres peintres mexicains est un petit havre de paix, transformé en musée. Décidément, après les Ortega, Correa, Chavez, les esprits communistes latinos parsèment notre parcours. Quelqu'un a même laissé sur notre route l'autobiographie de Neruda, que nous avons dévoré sans indigestion, c'est pour dire.
On aime les brouillons des muraux de Rivera, qui fait la nique à Rockfeller en peignant un petit Lénine dans l'empire capitaliste,même si la peinture finie à la « casse »; on aime son histoire d'amour avec Frida, même s'il a été un gros salop; on aime ses mosaïques sur les plafonds de l'Anahuacalli, où les faucilles et les marteaux se mêlent aux Quetzalcóatls précolombiens.


Des villes coloniales
Des villes coloniales il y en a tout un tas au Mexique et elles sont presque toutes classées au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Le choix est difficile à faire, mais, faute de pouvoir aller à Real de Catorce par manque de temps, nous optons pour Guanajuato. C'est tout près sur la carte, juste à 6 heures de bus en vrai!

Guanajuato ressemble à une immense pyramide en matière gruyère. De magnifiques tunnels en pierres passent sous la ville, comme un métro sans métro mais avec des voitures et des bus. Les placettes sont toutes aussi belles les unes que les autres et les escaliers qui montent et descendent partout rendent l'endroit unique, sans les cuadras droites qui caractérisent les villes mexicaines. De loin la ville ressemble à un tas de légos colorés. On aurait pu y rester des jours et des jours, à flâner dans les rues, regarder les vieux musiciens, acheter des avocats au petit marché, boire une Victoria sur le toit de l'hôtel. On sent la nostalgie nous gagner petit à petit. On ne peut s'empêcher de penser que tout cela sera bientôt fini, cette douceur de vivre sans contrainte...

De Guanajuato nous partons pour Morélia, une autre ville coloniale mais dans un tout autre genre. Les bâtiments sont en pierres rosées, plus grands et plus droits qu'ailleurs. C'est beau mais je préfère le charme délabré d'autres lieux. Nous trouvons notre bonheur colonial à Patzcuaro, plus petite, plus jolie, plus simple. Ici les maisons sont rouges et blanches, en adobe, avec de beaux toits de tuiles oranges. Il y a quelques indiens P'urepecha et plein de vie sur la place San Agustin. Nous y restons 3 jours, nous en partons lorsque nous découvrons dans le Routard que le volcan Paricutin est tout proche.

Le « petit mais costaud »
Vous avez probablement déjà entendu l'histoire du paysan qui un jour, découvre un volcan qui a poussé dans son champ de maïs... Le volcan grossit grossit grossit, crache des tonnes et des tonnes de lave et engloutit tout ce qu'il y a autour... et bien le Paricutin, c'est la même histoire!

En 1943, un grand champ de maïs est devenu un grand champ de lave noire. Quand je dis grand champ, c'est très grand champ que je veux dire... des dizaines de km2 de lave. Mais la petite particularité de ce lieu, c'est que le volcan a tout englouti - la couche de lave mesure parfois plus de 10m d'épaisseur- sauf la façade et l'autel d'une église.
Inutile de vous dire à quel point l'endroit est beau et surréaliste!

Les gens du coin crient « oh miracle »! Ouais bon, faudrait quand même leur dire que l'église est bien plus haute et bien plus solide que les maisonnettes en bois traditionnelles des P'urepechas et que c'est probablement pour cette raison que l'église a survécu. Pour nous, le lieu est magique, mais par sa beauté . Tout comme à El Palmar Viejo, le village guatémaltèque coupé en deux par une coulée de boue volcanique, ça vaut vraiment le détour. Caramba, on en reste comme deux ronds de flan.

Tout au long de ce voyage, notre luxe a été de prendre notre temps. Si deux semaines n'étaient pas suffisantes pour arriver jusqu'à Real de Catorce, nous avons pris le temps de rester à Angahuan, près du Paricutin. Deux fois nous avons pu passer des heures près de l'église et face au volcan toujours fumant, sans aucun autre touriste. C'était le bouquet final du voyage, nous imprégner à 100% de cet endroit unique et envoûtant. Un rayon de soleil, crapahuter dans la roche noire, s'asseoir deux heures devant le volcan, rester autant qu'on le veut devant l'église, la regarder, la contempler, seuls, ça pour nous, c'est le bonheur.

Le village d'Angahuan est donc un village P'urepecha typique. Les gens parlent peu espagnol et, quand ils le parlent c'est avec un accent bien pire que le notre! Les ruelles pavées, la terre noire volcanique, la pluie, les chevaux, les indiennes, on se croirait au Moyen-Age. Des voix parlent dans des hauts-parleurs en P'urepecha, un brouhaha terrible et incompréhensible raisonne dans tout le village . Ça ressemble à l'appel à la prière des muezzins d'une grande ville marocaine, mais en continu. Par curiosité on demande à la petite indienne de l'hôtel qu'est-ce qu'ils peuvent bien raconter, est-ce que ce sont des prières pour que tout le village en profite? Ah! Ah! En fait, ces chers gens font leur propre publicité dans le haut parleur de la mairie: lundi à 11h, chez monsieur X, il y a des tortillas à vendre; à 11h45, chez Mme Y, des oeufs; à 13h chez la famille Z, du lait.... et comme ça, toute la journée, tous les jours!
Un type qui nous a proposé de nous vendre des barres de constructions aurait mieux fait de faire son annonce au micro du village! (ça faisait un peu lourd comme cadeau, même si Karelle et Alain en ont peut-être besoin)

Et pour finir
Nous quittons le Paricutin, les P'urepecha, leurs hauts-parleurs et l'odeur du crottin, pour regagner le DF. Nous passons encore trois jours dans la capitale, avec chaque jour qui nous rapproche du départ, une boule dans le ventre et un noeud dans la gorge... ou peut-être un noeud dans le ventre et une boule dans la gorge, ou les deux, enfin bref...

On visite le grand musée d'anthropologie de Mexico, on fait du shopping de cadeaux, nos sacs s'alourdissent à chaque peso dépensé! On se régale chez les bouquinistes de la calle Donceles, où les chats sont rois et veillent à ce que les souris ne s'enfilent pas trop de lecture. Ces boutiques sont immanquables, avec leurs étagères immenses pleine de livres. Elles sentent fort le pipi de chat mais sont tellement authentiques...
On goûte le fameux « chile en nogada », célèbre recette mexicaine que l'on ne voulait râter pour rien au monde, et heureusement car c'est probablement la meilleure chose que l'on a mangé depuis le 2 octobre 2009!

Les journées passent vite, c'est l'heure de partir, pour de vrai. C'est une drôle de sensation, l'envie de rentrer retrouver ma petite famille et mes amis et la forte envie de rester. Tout serait bien plus facile si les gens venaient nous voir ici! Rentrer... mais quelle idée! On est si bien ici.

Le retour
Tout est bien qui fini bien, ma mère et Patrick, les irréductibles gaulois qui nous avaient laissés à l'aéroport en octobre, et rejoins en mars au Costa, nous attendaient de pied ferme à la sortie de l'avion...
Maman m'accueille avec une bonne nouvelle, ma Mousine a accouché d'une petite crevette, Oui la terre tourne aussi dans le bon sens quand on est en voyage...

Petit tour de Paris by night en Super 5, repas pâté-vin-fromage... de quoi remettre nos estomacs dans le bain de la douce France. Remise des 1ers cadeaux.
Le retour signifie que l'on peut désormais: boire l'eau du robinet et jeter son PQ dans la cuvette des WC, mais que l'on ne peut plus critiquer à voix haute les gens en français.
Après une bonne nuit, direction Draveil, chez les parents de David... cette fois nous sommes attendus avec tarte à la rhubarbe et champagne. Oh quel accueil! 2nde remise de cadeaux.
Comme l'a dit notre compañera Julia quand elle est rentrée de son voyage « ça a du bon le retour! ».

Le bilan et les mercis
11 mois
11 pays
22000 km en avion
21000 km sur la route en bus, en lancha ou à pied
de belles rencontres...

Merci à tous ceux qui ont rendu notre route si agréable, les routards français Julia et Matthieu, Lulu et Lolo, Cloé et Erick, Samy et Lisa, et pour ces agréables moments partagés et les rigolades arrosées de Gallo, Polar, Aguila, Pilsener, Abuelo...

Une grande pensée pour Isaora au Mexique; Maykam au Guatemala et Gordon quelque part sur Terre; Ivan, Tecairo et les emberas au Panama; Johnvani en Colombie et Roni et Dani nos compagnons de la Ciudad Perdida; Lourdes et Ciro, François et Noris au Venezuela; Ines et toute sa famille, et les loulous de Quilotoa en Equateur, et bien sur tous les autres que l'on a croisé quelques minutes ou quelques heures mais que l'on n'oubliera jamais.

Merci à la bonne étoile de nous avoir accompagné jusqu'au bout (et que le séisme ait été profond!), et puis à ceux qui ont suivi nos aventures et pour tous vos mots sur le blog et l'écriture, je vais trop me la raconter maintenant!

Ce que l'on ne vous a jamais dit
*En altitude, au dessus de 2500m on pète beaucoup plus, ça doit être une histoire de pression!
*David a dit : « c'est bien de voyager à deux, comme ça on n'a pas un gros à côté qui nous écrase dans le bus! »
*On traite les gros de gros et les cons de cons, en face et en français (c'est lâche mais c'est pratique!)
*On ne supporte pas les américains du nord qui parlent fort avec leur accent de canard WC et qui considèrent que l'Amérique Centrale est le 51ème état des Etats-Unis
*L'eau de Tulum et de Roatan était si belle et claire qu'on n'osait même pas faire pipi dans la mer
*David a vomit deux fois au lit et il ne s'en rappelle même pas (la faute aux amis de Marie-Ange et à la famille d'Ines)-rectification de David: Chloé m'a vomit 2 fois dessus alors que je dormais-
*J'ai eu une probable hépatite A cet hiver
*On a fait des affaires avec des latinos à l'heure de la sieste, au moment où ils sont le plus vulnérables
*On ne disait rien quand on nous rendait trop de monnaie, même quand c'était des mamies gentilles (trop marre de se faire arnaquer!)
*On s'habitue vite à voyager crados et à garder le même tee-shirt pendant des jours (mais, à tous ceux qui se posent la question, David a souvent lavé sont tee-shirt vert, qui est inusable et sèche vite)
*On n'avait pas prit d'assurance voyage (oui maman je sais, ce n'est pas bien!)
*J'ai presque pleuré le dernier jour à Mexico en entendant LA chanson d'Aventura que l'on a entendu partout, mais pleuré d'émotion, pas de dégoût!
*On connait cette même chanson presque par coeur
*Depuis Tatacoa on veut faire un voyage en touk-touk
*On ne vous donnera pas la recette des chocobananos
*On préfère les « frijoles » en purée
*On a volé un gobelet en métal chez des italiens un peu trop businessmen à notre goût, et sans aucun remord!

Ce que l'on ne vous a jamais montré
*Le touk touk de Tatacoa




*Diego et la Corne


* Groland en Equateur
* Groland en espagnol


Bonus
Et rien que pour vous: (A regarder et écouter avec une grande attention, merci)

Spécial Guatemala:
http://www.youtube.com/watch?v=qjG6PIHg7e0

Spécial Amérique Latine:
http://www.youtube.com/watch?v=WivMb-s_UHI

Nota: Merci d'éviter de nous faire du riz et du poulet pendant les quelques mois à venir!!!

lundi 23 août 2010

Siga no mas... Ya Ya!

A la frontière...


Encore un pont, mais cette fois il est entouré de jolies montagnes. Tout se passe dans la joie et la bonne humeur avec Lisa et Samy. Une petite photo pour immortaliser le moment.

C'est parti
Notre première étape équatorienne: San Gabriel, un village paisible proche de la frontière, mais suffisamment éloigné pour que la mauvaise ambiance qui règne aux frontières traversées par la panaméricaine ne vienne pas ternir notre premier contact avec l'Equateur.

On trouve de quoi dormir dans un « residencial » à 5$ ... 5$ pour deux... et c'est même pas crado et y'a la télé cablée... le luxe! Depuis le Guatemala on n'avait pas eu d'hôtel aussi peu cher!

Alors que nous entamions notre ballade vers une cascade, un type nous embarque à l'arrière de son camion benne pour nous y conduire. On ne refuse pas la proposition, même pour 3 petits kilomètres! Il fait même un détour pour nous y laisser, c'est gentil!

On s'imprègne de l'atmosphère locale en se plongeant au coeur de la fête en l'honneur de la Virgen de je ne sais quoi, Ste Patronne de la ville. Au son d'une fanfarre, (bien cachée derrière des voitures et des bus), la parade costumée traverse la ville. Les musiciens ont l'air aussi heureux que des dépressifs au bord du suicide, mais le public a l'air content. Le club des cantoniers, une bande de joyeux lurons, sert des petits verres d'aguardiente au public. L'aguardiente est un alcool maison généralement mauvais et fort, mais qui a l'énorme avantage d'être très peu cher. Tout le monde y goûte, sauf peut-être les gamins!

Les petits papis en ponchos et les petites indiennes à chapeaux s'éclatent... nous aussi. Nous sommes les seuls touristes, nous sommes privilégiés. Soudain, mon regard se porte vers un groupe de nanas qui mangent quelque chose... Mais Mais MAIS... Mais triple chuletas... se sont des chocobananos... Mille milliards de mille sabords... le vocabulaire du Capitaine Haddock n'y suffirait pas pour exprimer ma stupéfaction! Des chocobananos... on en avait fait le deuil depuis le Nicaragua (où ils étaient déjà rares), au mois de mars!

Plus tard dans la soirée, feu d'artifice. Et pour notre plus grand plaisir, nous avons eu droit à la vaca loca! La vaca loca c'est comme au Guatemala, un truc pour les fêlés du ciboulot! Un type avec un structure sur le dos, de laquelle partent des feux d'artifices, et qui court dans tous les sens au milieu de la foule.

Oh que oui, ce pays va nous plaire, on y retrouve tout ce qui faisait le charme du Guatemala...



Autour de l'Imbabura
De San Gabriel, toujours en compagnie de Lisa et Bob, nous faisons une halte à Ibarra. Je précise que désormais Samy sera appelé Bob, car, quand il marche devant nous avec son sac à dos, il disparaît derrière l'énorme sac recouvert de sa housse jaune, et ressemble étrangement à Bob l'Eponge!

Le but de notre halte à Ibarra est d'emprunter l'autoferro, un bus monté sur des rails qui parcourt une trentaine de kilomètres à travers des paysages andins fabuleux. La ville n'est pas fabuleuse, mais a son charme, il y a plein d'indiens qui parlent quechua et qui portent des chapeaux étranges.

A Ibarra nous n'échappons pas à la tradition qui nous poursuit quand nous nous asseyons tous les 4 sur le parc central d'une ville: un paumé vient nous taper la causette. Le dernier en date, Jean-Claude Van Damme en Colombie, nous avait fait une belle démo de sa super puissance à la roulade, cette fois, nous récoltons Célimo (je crois!).

Célimo est un colombien exilé en Equateur, tout juste sorti de 8 jours de prison pour alcoolémie excessive, et qui pour gagner sa croute fabrique des petits casses-têtes avec du fil de fer. Dès qu'il nous voit il nous aime... il se met à nous raconter sa vie et à larmoyer quand il évoque les paramilitaires colombiens qui le persécutent dans son pays, sa famille restée là-bas, son neveux décédé bien trop jeune et ses chiens enlevés par la police... on parle longtemps, il est sympa. Au milieu d'une conversation, de son plus grand sérieux, il nous sort un « boudu con », qui nous cloue sur place! C'est un souvenir de son voyage à Toulouse il y a quelques années... il y a des choses qui ne s'invente pas!

Il nous fabrique des casses-têtes qui ne casse pas la tête à David, il est trop fort! Contrairement à notre habitude, on lui laisse queques dollars, on l'aime bien, et moi j'adore ses casses-têtes en fils de fer.

Le trajet en Autoferro nous plaît beaucoup. Les paysages sont effectivement très beaux, on commence à atteindre le coeur des Andes. En Colombie, elles étaient très verdoyantes et on avait un peu de mal à réaliser qu'on était dans LES Andes, les vraies. Ici, les monagnes sont Très hautes et la végétation moins variée. Et puis, par chance, nous sommes seuls dans l'autoferro.



La prise d'otages
Après l'autoferro, nous posons nos sacs à dos quelques kilomètres plus loin, dans le village de la Esperanza. Après des balades ratées et une propritaire vieille peau que nous n'apprécions pas du tout, nous déménageons dans le refuge Terra Esperanza pour célébrer le début de l'Inti Raymi, une fête équatorienne.

Là, nous avons été victime d'une prise d'otage par une famille. Pendant quatre nuit cette famille nous en a fait voir de toutes les couleurs, et ce n'est rien de le dire. Le dénommé Emerson s'est chargé de nous appater. Et puis il y a eu le papa d'Emerson, avec sa gueule de mafioso tout droit sorti d'un film de Kusturica; Maria, la fille et Maria Emilia, la petite fille avec sa gueule d'ange; Paul (prononcé Paoul), l'autre fils et, Diego le beau fils, l'un des éléments les plus dangereux de la bande. Mais, la plus redoutable fut Ines, la Maman. Ses armes, un petit sourire maternel tendre, sa carafe d'aguardiente et la corne qui sert de verre.... Aïe Aïe Aïe... la corne, terrible corne. Et on nous fait le coup de la chicha... cet alcool de maïs fermenté qui monte vite à la tête. Surtout quand on le mélange à du whisky et de la bière!

L'Inti Raymi réuni tout le village, les maisons sont ouvertes et toute la nuit des groupes de musiciens passent jouer dans chaque maison pendant quelques minutes, ramenant avec eux une foule de personnes qui viennent boire et danser. L'air joué est toujours le même, les paroles varient parfois, la ronde tourne et lorsqu'on entend un « vuelta » on change de sens. C'est assez simple en soit. Tout le monde porte un chapeau, un poncho, des jambières de cow-boy en moumoute, ou un masque en tissus coloré... et nous aussi, on se retrouve avec des chapeaux sur la tête.

Ines et Diego, Emerson et les autres se sont chargés de nous faire comprendre, que chez eux, ça ne déconne pas. A coup de cornes toutes les 10 minutes, chuleta, on été pétés commes des coings tous les 4. Ok, tout le monde était pété, mais nous en plus, on était trop émus de se retouvrer au milieu de tous ces gens adorables, seuls pauvres touristes égarés. Lisa et moi avons battu Bob et David, qui se sont couchés lamentablement vers 1heures du matin. Faut dire que l'on n'a plus trop l'habitude de boire beaucoup.

On comptait rester juste une soirée, mais, comme je vous l'ai dit, on s'est fait prendre en otage, la fête dure trois jours, au même rythme... Samedi matin, Ines nous salue avec des grosses bises maternelles, impossible de s'enfuir. J'apellerai ça du chantage affectif!

L'après-midi nous assistons, un peu vaseux, à l'Inti Raymi officiel. Tous les ans, des familles empruntent un ou plusieurs poulets et, l'an d'après, la famille doit rendre le double de ce qu'elle a emprunter. Les poulet suspendus par les pattes défilent donc devant nos yeux, la musique résonne dans tous les coins, on en prend vraiment plein les yeux.

A 18 heures, Diego et Ines ressortent la carafe et la corne... ouh!

Samedi soir, c'est moi qui m'écroule lamentablement à 20h, après la bonne soupe d'Ines. Je la soupçonne d'ailleurs d'y avoir versé autre chose que du bouillon de poule. Ou alors se sont les « Chichos » que je n'ai pas digéré... enfin toujours est-il que je m'endors au son des groupes qui défilent dans la maison. David et Bob sont en pleine forme!

Dimanche matin, troisième jour de prise d'otage. La famille nous a trouvés « triste » le samedi et veut donc, pour que l'on se sente bien, nous déguiser en indigène Lisa et moi... le visage des mecs s'éclaire d'un sourire sadique. Ils veulent nous voir ridicules. Encore une fois, impossible de refuser, on risquerait de décevoir Ines, que nous appelons désormais Mama. Elle nous habille donc, comme si nous étions des poupées. Comme on le craignait, on est ridicules. Ines fouille dans un sac, et cette fois, se sont Lisa et moi qui avons le rire sadique... Samy et David n'y échapperont pas, eux aussi se retrouvent affubler d'un costume de petit indien!

Notre premier pas dans la rue fait rire tout le monde. Les petites mémés indiennes, d'habitude si timides, se fendent la poire. Aujourd'hui, je peux vous affirmer une chose, le ridicule ne tue pas! Et, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous nous retrouvons au milieu de la famille d'Ines au grand complet (soeurs, cousines...) et nous défilons en dansant dans la rue, avec un orchestre et une cargaison de poulets derrière nous. Quelques touristes arrivés la veille dans l'hôtel de la vieille peau, nous prennent en photo... Après la remise des poulets et avoir dansé dans une foule de villageois, Bob et David ont droit, en leur qualité d'otage, à un châtiment corporel: le fouété à l'ortie. C'est Emerson qui se charge de le faire ce rituel aux vertues régénérantes, à nos deux hommes torses nus. Des guilis aux ortis, arrosés à l'aguardiente... En tout cas ils ne sont pas des chiffes molles!

Après le rituel, la fête continue de plus belle. Diego et Ines sont toujours redoutables avec la corne, mais la tournée de soupe en famille nous fait du bien! Tard, quand tout le monde a quitté les lieux, nous restons discuter avec Mama au coin de la cheminée... Elle nous raconte les frasques de son mari, tel un véritable latino, la fidélité n'est pas son fort. Avec son air irrésitible, elle nous demande de rester un jour de plus, demain elle organise une soirée en famille et nous cuisine un poulet à la braise.

Lundi, balade avec Emerson, balade en famille et repas en famille. On fait des jeux, tous autour du feu, pour amuser la petite Maria Emilia. Un moment unique! La maman, le papa, les frères, la soeur, la petite fille, le beau fils... merci pour tout, vous êtes en or, on ne vous oubliera Jamais. Gracias. Ya ya! (ça doit être le syndrome de stockholm qui me fait écrire ça!).

Otavalo, le cuy et Cuicocha
Lorsque nous parvenons à échapper à la famille, nous partons vers Otavalo, une petite ville assez touristique et réputée pour son grand marché artisanal. Atmosphère plutôt agréable mais le marché ne nous inspire pas vraiment car justement, il est très touristique et les petits indiens nous prennent pour des gringos (=pigeons).

Nous cherchons désespérément à goûter le cuy, la grande spécialité équatorienne et péruvienne. Pour tout vous dire, le cuy n'est rien d'autre que du cochon d'inde. Oh sacrilège! Mais nous on s'en moque, nous n'avons jamais eu de ces bébètes quand nous étions petits et on veut goûter. Et puis tout le monde nous dit que c'est bon alors... Mais impossible de dégoter du cuy (ah oui, ça se prononce « couille »!). Fautes de cuy, nous grignotons des boulettes de purée avec de la viande, le tout bien cuit dans la graisse et, pendant notre digestion sur la place centrale d'Otavalo, nous tombons sur le colombien Celimo, qui trop content de nous revoir, nous offre une bière.

Otavalo est une bonne base pour explorer les environs et nous nous lançons dans le tour du lac de Cuicocha, un très beau lac de cratère, au pied du volcan Cotocachi et face aux volcans Imbabura, Cayambe, et au loin, Cotopaxi. C'est le début de la route des volcans équatoriens, tous aussi beaux et fascinants, comme en Amérique Centrale. Encore un point commun avec le Guatemala qui nous comble. Le tour du Cuicocha culmine à 3500, et la vue sur le lac bleu et les volcans est très belle....

Otavalo est aussi connu pour ses indiens, et surtout les tenues de ses indiennes.... bien plus jolies que celles dont la famille nous a affublé! Les magasins de « mode indigène » locale se succèdent, les nanas font du shopping et ça rappelle étrangement la rue St Rome un samedi! Sauf qu'elles n'achètent pas débardeurs et escarpins, mais huipiles et alpargatas!

L'hémisphère sud

Nous passons la ligne symbolique de l'hémisphère sud quelques kilomètres avant d'arriver à Quito, la capitale. Du haut de ses 2800m d'altitude, Quito est la seconde plus haute ville du monde! Mais tout près, le volcan Pinchicha monte à plus de 4700m, ça devient très sérieux! Au pied de ce volcan et coincée dans une vallée, la ville s'étend sur des dizaines de kilomètres de long. Nous partons à la décourverte de cette belle ville, classée au patrimoine mondial. Les beaux édifices de l'époque coloniale sont plus pompeux que l'architecture coloniale colombienne, mais ça a tout de même un sacré charme. Difficile de trouver un hôtel pas cher dans le vieux centre, mais en persévérant, on y arrive.



Comme Caracas et Bogota, Quito est elle aussi dotée de son téléphérique. En quelques minutes nous voici téléportés à 4100m. De là, nous partons à la conquête du Ruco Pinchicha à 4700. Les doigts dans le nez! Mais nous n'avons pas été récompensés par la vue, qui ce jour là était complètement bouchée. Des nuages de tous les côtés, y'avait qu'à faire marcher notre imagination pour imaginer à quel point le paysage est beau par temps clair (parole de Carlos, l'équatorien qui nous a guidé sur les derniers mètres de montée dans les nuages!).


Et puis, nous n'avons pas résisté à faire la visite de « la Mitad del Mundo » (la moitié du monde), lieu où une expédition de français a, en 1700 et quelques, tracé la célébre ligne de l'équateur. Cocorico, ces scientifiques français ne s'étaient trompés que de 300 petits mètres dans leurs calculs. C'est un haut lieu du tourisme dans le pays et nous nous levons tôt car notre but et d'avoir une photo sans aucun parasite dessus. Le lieu est purement symbolique et est dénué de tout charme.



El condor pasa
Au diable les grandes villes, nous avons besoin d'air pur et de grands espaces, le Ruco Pinchicha, n'a fait qu'accroître notre envie de montagne. Et c'est le petit village de Chugchilan qui nous ouvre ses bras. Encore une fois c'est bien difficile de décrire ces paysages. Ici la vie se déroule en haut, oubliés les fonds de vallées sombres. D'ailleurs, on ne voit même pas en bas, on devine juste un petit rio qui coule au fond. On est impressionné par la pente des champs cultivés. La spécialité c'est le chichos et les petites fleurs violettes sentent drôlement bon. Et puis, ici, il y a des lamas, des vrais, pas pour amuser le touriste. C'est beau beau beau. On n'est pas sûrs d'avoir vu les condors, mais on imagine très bien le célèbre morceau en fond sonore dans le bus. Malheureusement c'est Aventura qui nous accompagne, ce chanteur devrait recevoir le prix du chanteur le plus écouté en Amérique Latine, il nous poursuit depuis le Mexique, on n'aime pas, coupez lui les cordes vocales!

Dans le bus qui nous emmène à Quilotoa, nous écoutons Aventura, une roue crève et un petit garçon vomit (heureusement, nous avons développé un 6ème sens pour ces situations et nous levons nos gros sacs à dos in extremis!)... la routine quoi!

Je me souviendrai longtemps de l'arrivée à Quilotoa: 7h00 du matin, un vent glacial, 4000m d'altitude. Un type nous propose de nous montrer ses deux chambres d'hôtel, on le suit, ça nous convient. Nous faisons la connaissance de ses enfants, Gustavo, 12 ans; Kevin (Kebin), 5ans; Sisa, 6 ans et Michelle 9 ans. 4 gamins hors du communs. Tels de vrais petits montagnards andins, ils ont les joues rouges et tannées par le soleil et le froid. Ce n'est plus de la peau qu'ils ont sur les joues, mais du cuir!

Munis de toutes nos polaires et de tout ce que l'on a pu trouver dans le sac à dos à se mettre sur le dos, nous partons nous balader autour du lac de Quilotoa. Encore un coin de nature absolument magnifique où l'on pourrait rester longtemps.

Le soir nous passons la soirée autour du poêle à bois avec la famille. Sisa nous donne un cours très sérieux de quechua (on pourra désormais communiquer plus facilement avec les vendeurs de Décathlon!!) et le petit Kevin cherche à se faire câliner et dorloter, car ces petits mômes si mignons sont traités comme des adultes avant l'âge. D'ailleurs, je lui étalerai bien un tube d'Homéoplasmine sur ces grosses joues rouges, au petit Kevin, pour ensuite le bouffer de bisous.

Samy sort ses balles de jonglages et Gustavo est baba... lorsqu'il essaie de jongler à son tour, son sourire d'ange enfantin apparaît sur son visage. Mais corvée de bois et s'occuper des touristes sont son lot quotidien. La petite Michelle vend des bonnets et des gants sur un stand touristique. Kevin est encore trop petit pour aider les parents et la petite bête qui monte qui monte me vaut un grand fou rire et un petit calin!

N'allez pas croire que les parents exploitent leurs enfants. Ils ont leurs corvées à la maison, mais en période scolaire vont à l'école. Ce qui est déjà énorme.

La réalité me rattrape, il n'y a pas internet dans cet endroit si agréable, et je ne peux pas me permettre de prendre trop de retard avec mes traductions. Nous devons regagner la civilisation. Lisa et Bob restent, ciao les amis et bonne route.

Après 3 semaines de voyage ensemble (plus 10 jours au Venezuela), on a bien rigolé, parlé et descendu l'Abuelo!

Plus au Sud
C'est à Latacunga que nous retrouvons internet... mais ce qui va avec, bruit, pollution, ville..... ah Quilotoa, tu nous manques déjà!

L'étape suivante se déroule à Banos, une petite ville tranquille située au pied du volcan Tungurahua. Le routard écrit que ce volcan actif pourrait recouvrir la ville de lave en moins de 15 minutes en cas de grosse éruption... même pas peur! Nous restons quelques jours, sans profiter des sources thermales volcaniques car la population équatorienne en vacances est trop nombreuse pour nous. Nous nous contentons de regarder le Tungurahua cracher sa fumée et de goûter le cuy. Ah le cochon d'inde... ils en font tout un plat, ça ne casse pas des briques, faudrait peut-être le cuisiner à la française...



Plus au sud, c'est à Riobamba que nous posons le sac à dos. Riobamba, quel nom! On se croirait dans une chanson de Manu Chao... riobamba c'est comme radio bamba sound system... on aime!

De Riobamba nous partons affronter le Chimborazo, 6310m, plus haut sommet du pays. Non, je plaisante, nous allons nous contenter du refuge numéro 2, à 5019m, c'est déjà pas mal. Le bus nous laisse à l'entrée du parc, sur un col balayé par les vents glaciaux, à quelques 4300m d'altitude. On s'acquitte du droit d'entrée et on commence notre rando. Munie de mon super bonnet andin et de nos méga polaires La Poste, nous sommes prêts à affronter vents et... hautes altitudes...

Ici encore plus qu'ailleurs, la vue est magnifique et (grâce à mon super bonnet de la toute puissance des Andes!), le soleil est avec nous. Il n'y a presque pas de végétation, tout juste quelques herbes et quelques rares fleurs. Le Chimborazo est là, imposant et resplendisant, 2000m nous séparent de son sommet enneigé. Des lamas à poils courts, des vigognes, broutent les quelques herbes qui ont eu la drôle d'idée de pousser sur les flancs de ce volcan. Ils sont beaux et sauvages, les grands espaces sont à eux!

La marche n'est pas si difficile, ça monte tranquillement et nous ne sentons pas encore les effets de l'altitude. On commence à être habitués à vivre au dessus de 2500 depuis pas mal de temps maintenant et les balades à plus de 3500 sont fréquentes. En arrivant au 1er refuge, à 4800, quelle ne fût pas notre surprise en découvrant une boîte à lettre des PTT françaises! Une jaune comme chez nous!

200m plus haut, après 2h30 de montée au total, nous voici à 5019m... des plaques de neige ne fondent plus, le glacier du Chimborazo est plus prêt que jamais, la vue est... (je suis à cours d'adjectif qualiticatif!). Nous goûtons à une infusion de feuilles de coca pour nous requinquer, paraît que c'est fait pour ça! Et puis nous partons crapahuter au dessus du refuge. Vers 5100, l'effet de l'atitude se fait sentir... la tête tourne! Après avoir savouré la vue, les nuages nous rattrappent et nous redescendons. Sacrée journée.

Au petit matin, dans notre hôtel pas cher, quelqu'un frappe à la porte de la chambre... Diable, qui ose nous réveiller à 5h00 du matin, après la rando d'hier, on est morts! « Policia, abre por favor! ». Après vérification des papiers d'identité (nous sommes en règle) nous retombons dans les bras de Morphée... La police devait chercher quelques clandestins sans papier, ils sont repartis bredouille... bin oui, c'est ça quand on dort dans l'hôtel le moins cher de la ville.

Encore plus au Sud

En quête de bonne ambiance, nous partons dans le village de Guamote où se tient un grand marché indigène. Nous arrivons la veille du marché et assistons aux préparatifs. Les sacs de carottes défilent sous nos yeux, dans des camions, dans des pick-ups, dans des voitures, dans des charettes... des centaines de sacs de carottes, de quoi rendre tout un peuple aimable. Ce balai continue jusque tard dans la nuit et quand nous nous réveillons au petit matin, ce ne sont pas que des carottes que nous trouvons dans la rue, mais de tout, partout. Il y a le coin des bovins, attention c'est dangereux... je ne sais pas si vous avait déjà vu un gamin de 12 ans tenir en taureau en laisse, C'est quelque chose! Et quand un latino , qui en principe ne s'affole jamais, se met à crier « Cuidado, cuidado », vous ne réfléchissez pas, vous partez en courant! Un peu plus loin, il y a le coin des sacs de carottes, des graines et des légumes en tout genre, plus haut se sont les fruits, et au bout du village à gauche, c'est le marché des animaux. Cochons, moutons lamas... Et vas-y que j'te charge un mouton et deux cochons sur le toit du bus...

Ce marché déjà bien sympathique, est d'autant plus particulier que les femmes indigènes ont une curieuse façon de se vêtir. Je ne dirais pas que les tenue sont jolies comme celles d'Otavalo, mais le tout est fort plaisant et photogénique! Les femmes superposent 4 ou 5 jupes très colorées, 3 ou 4 châles tout aussi colorés mais pas forcément assortis aux jupes, le tout surmonté par un petit chapeau blanc à pompons eux aussi colorés. La mère Noël n'a qu'a bien se tenir, le vert et le rouge des indiennes de Guamote détonnent dans le paysage!

Après toutes ces couleurs, nous allons à Ingapirca, un site Inca. Un très mauvais accueil d'une vieille carne qui nous a pris pour des couillons nous fait rebrousser chemin, au diable les ruines inca, on se casse.

Ensuite, Cuenca, belle ville coloniale classée à l'Unesco. Au détour d'une rue, oh surprise! Mais qui vois-je? Cloé et Erick, nos amis routards rencontrés au Guatemala au mois de janvier. Nous avions échangé quelques mails au cours du voyage, mais nous n'avancions pas du tout au même rythme. Ils ont fait les escargots en Amérique Centrale et ont accéléré le rythme en Colombie... nous voici ensemble à Cuenca, et dans le même hôtel s'il vous plait! Ce sont les bonnes surprises du voyage. On ne connait pas beaucoup les gens, mais pourtant, quand on les recroise, on a l'impression de les connaître depuis longtemps. Echange de nos histoires de voyageurs, on a traversé les mêmes pays et pourtants nos expériences sont vraiment différentes. C'est un plaisir!


Direction Loja, où sur le pallier de notre chambre nous parlons avec Renée et Eliane, deux vieilles frangines routardes, qui ont parcouru les routes de France et de Navare et même plus loin! Sympathique rencontre de deux phénomènes, avec leurs sacs à dos des années 70, un sac à patates (un vrai) en guise de housse protège sac, leurs jupes de babas, leurs sandales avec chaussettes et, leur accent très bourgeois... un mélange haut en couleur, qui largue maris et enfants pendant des mois pour parcourir le monde...



Vilcabamba, est une toute petite ville assez proche de la f'rontière péruvienne... l'appel du Pérou est là, mais non, pour nous c'est presque fini. Nous retrouvons Erick et Cloé qui eux continuent jusqu'en Terre de Feu! je suis jalouse, je promets que quand on va rentrer en France je les ferai baver en leur parlant cuisine (oui, il faut le savoir, sans le vouloir, nous avons BEAUCOUP parler cuisine! On est français, on n'y peut rien!). Vilcabamba pourrait être l'endroit rêvé pour vivre... mais ça l'a été pour trop de gringos et ça gâche un peu l'ambiance. Il manque les indiens et un peu d'authenticité. On y reste quand même plusieurs jours, les alentours sont superbes et les balades aussi. Cloé et Erick repartent sur la route, mais on rencontre Pascale et Denis, deux parigots, la 40aine ou 50aine, sur le continent américain pour quelques semaines de vacances. D'agréables moments partagés autour d'une Pilsener « refrescamente ecuatoriana »!

Jeudi 12 août 2010, vers 07h00 du matin, nous avons ressenti notre première secousse sismique du voyage... oui la terre a tremblé, enfin! Bin ouais, on ne pouvait pas avoir traversé l'une des zones les plus sismiques de la planète sans ressentir une secousse... on en voulait une petite, juste pour la sensation, on l'a eu, on est contents! L'épicentre était situé dans une zone en Amazonie équatorienne et a atteint quelques 7,2 sur l'échelle de Richter.... Chuleta, c'est beaucoup, heureusement qu'elle était profonde sinon ça aurait pu raser des villages entiers, et peut-être nous avec! Merci bonne étoile, y'a pas eu de dégats pour personne et on a eu notre sensation forte!!!!

Quand nous arrivons à Zaruma, la ville est bondée de touristes équatoriens en vacances. C'est le week-end du 15 août en plus, difficile de trouver un hôtel. C'est une belle ville coloniale très différente de celles que l'on a vu auparant. Ça fait très décors de Lucky Luke, avec les maisons et les trottoirs en bois sous de belles arcades. Sur la place centrale, une maison ressemble à un sucre d'orge! Nous y croisons encore Cloé et Erick, cette fois c'est sur, c'est la dernière... Ciao et bon vent à vous (je suis toujours jalouse!).

La veille du 15 août, comme en France, nous avons droit à un petit feu d'artifice... toujours aussi flippant! Les fusées fusent dans tous les sens, on ne se sent en sécurité que derrière une colone à l'abris des arcades! Toute la nuit, les pétards qui accompagnent le feu d'artifice, déclanchent l'alarme d'une voiture garée devant l'hôtel... et vous ne pouvez pas imaginer à quel point les alarmes des voitures latino-américaines sont irritantes. Du Mexique à l'Equateur, dans les 11 pays que nous avons traversés c'est la même, et rien à voir avec une alarme française. Celles-ci sont multibruits! A 5 heures du matin, nous voici pris d'un gros fou rire à moitié endormi... putain, ça va nous manquer tout ça...


La fin de l'Amérique du Sud

Deux heures après notre fou rire hyper-matinal, nous prenons le bus pour Guayaquil, d'où nous prendrons l'avion pour Mexico. La ville tient une très mauvaise réputation, mais en parcourant ses rues, nous découvrons un centre plutôt sympathique, de beaux édifices et un malecon (promenade sur un front de mer ou de fleuve, ici, fleuve), très animé.

Le quartier du Cerro Santa Ana est une sorte de petit Montmartre local, en plus coloré. Du haut du Cerro, on regarde les avions décoller, dans quelques heures on sera dedans...

On va mettre moins de 4 heures pour remonter ce que l'on a mit 10 mois et demi à descendre... ça passe vite, très vite, trop vite!

samedi 31 juillet 2010

Colombie, Chapitre II

A la frontière...

Un pont entre deux pays, une rivière sale, des gens que se baigne dedans à cause de l'étouffante chaleur qui englobe San Antonio de Tachira et Cucuta. La colombienne du bureau de « migracion » nous donne 60 jours sur la passeport.

En attendant le bus on s'enfile notre breuvage préféré, une citronnade au sucre de canne brut, bien frais, ça fait du bien!

Direction Pamplona, « ouh, muy frio alli! », oui, les gens en Colombie aiment bien commenter le climat d'un village voisin. Ailleurs il fait toujours trop froid ou toujours trop chaud!

Nous sommes de retour en Colombie, plus de vieilles américaines mais des vieilles françaises qui fument, on est contents!



Le nord des Andes

Bin il n'avait pas tord le chauffeur de bus, ça caille à Pamplona. Tout comme son parent espagnol, Pamplona fête la San Firmin et organise des coridas. Une horde de cinq jeunes manifeste contre cette tradition. Ils ne sont que cinq, mais ils font du bruit!

La grande place de pamplona est pleine de ces petits vendeurs ambulants que l'on adore, les rues sont animées et pourtant il est plus de 18h... pas de doutes, on est bien en Colombie. Fini les rues désertes du Venezuela à la tombée de la nuit. Ici les gens sortent, vivent et nous, on se sent bien!

Pamplona est dotée d'un des plus joli marché couvert que l'on a vu au cours de notre voyage. De belles colones en pierres soutiennent le vieux toit en tuiles et la volige faites de petits bâtons.

La différence de température entre la côte et les montagnes est stupéfiante... des 40° et + de Santa Marta on dégringole à 15°, de la sècheresse on passe à la luxuriance des Andes Colombiennes.

Après cette étape nous prenons la direction de San Gil, une petite ville fort jolie et où il règne une bonne ambiance. Ici aussi le marché couvert est très joli. Il y a des vendeurs d'avocats à chaque coin de rue et inutile de vous dire que ces petits légumes verts sont absolument succulents. Il y a une cuisine dans notre hôtel de gringos, on fait péter le guacamole à tous les repas, on ne s'en lasse pas!

San Gil est un bon point de départ pour toutes sortes d'activités et ballades. Nous partons à la découvertes des cascades de Juan Curi. Splendides cascades au mileu de la forêt, comme la cascade de la Fortuna au Costa Rica, nous avons l'impression de trouver un monde perdu! Il n'y a personne, on est vraiment chanceux!

C'est aussi le début de la Coupe du Monde dont on se fiche éperdument, les français font la une de la presse avec leur ridicule égot surdimensionné. La Colombienne Shakira nous casse les oreilles avec son Waka-waka, mais ils sont fiers les colombiens!



Tout près de San Gil il y a « le plus beau village de Colombie », et ce sont les colombiens qui le disent! Mais ils n'ont pas tord, Barrichara est un petit village charmant avec ses maisons en terre. On se lance dans le chemin qui relie Barrichara au village de Guane. Ici, on se croirait dans l'arrière pays méditéranéen. Il fait beau, chaud, les grillons remplacent les cigales et la végétations est assez sèche. Rien à voir avec le décors planté de l'autre côté de la montagne. Le paysage est sculpté par de grands canyons, la vue est magnifique. On a droit à des nuées de papillons, qui papillonnent dans tous les sens. Une véritable bouffée d'air en cette journée difficile où en France, ma famille est réunie pour le départ de ma tante. D'ailleurs, je n'ai plus le droit de pleurer, j'ai écoulé le stock de papier hygiènique « Popular » de notre hôtel.

Au bout du chemin, Guane nous ouvre ses bras endormis. Le village pourrait être sorti d'un film d'époque. Une mémé s'aventure sur la place du village aux heures chaudes, nous la regardons passer depuis notre banc à l'ombre, on ne peut pas bouger il fait trop chaud! On arrrive quand même à se traîner dans un petit magasin qui vend du sabajon, un alcool local à base de lait de chèvre. On déguste et on repart avec une petite bouteille. C'est bon!

Autre spécialité de la région, le cul de fourmi grillé...

Dans le parc de San Gil où les arbres ont des cheveux, on rencontre Dimas, un colombien qui visite son pays. On parle politique (le 2nd tour des élections présidentielles a lieu le lendemain). Santos ou Mockus, Mockus ou Santos??? Juan Manuel Santos, c'est le successeur d'Alvaro Uribe, le président colombien que je n'aime pas beaucoup. Mockus, c'est le candidat du Parti Vert, ancien maire de Bogota, qui a l'air d'avoir de bonnes idées et qui pourrait apporter (peut-être) un changement à la politique pourrie du pays. En plus, il s'appelle Antanas Mockus! ça c'est du nom, non?

Après quelques heures de bus sous une pluie battante, on arrive à Villa de Leyva. Encore une très très belle bourgade coloniale, mais plus chic que Barrichara ou Guane, la faute aux bobos Bogotanos qui viennent y passer leurs week-ends. On regarde le résultat des élections, incrédules. Santos gagne avec plus de 60% des voix. Etrange... Mockus n'a que 20 et quelques % des suffrages, il semblait pourtant avoir de nombreux supporters. Comme par hasard, des urnes ont été brulées dans certaines régions... ceci explique peut-être cela!

En tout cas, nous, on est déçus, on s'intéressait à ces élections presque comme si on était colombien. on aime ce pays, on voulait que ça change! On est probablement encore un peu trop utopistes!



La pluie a déserté le ciel et le soleil nous réchauffe. On va se ballader au dessus de Villa de Leyva, joli point de vue. Puis, il nous prend l'envie d'aller voir un petit site historique à quelques km de la ville. Non seulement le site est fermé (et c'était écrit sur le guide « fermé le lundi »), on se prend une pluie terrible et on se perd. Heureusement, le vendeur de glace ou poissonnier sur la moto avec son ciré jaune et son air de Lambada (digne des pires guirlandes électriques guatémaltèques) qui hurle à tue-tête, nous a fait bien rire.

Bogota

On aime ce nom Bogota....... ça nous plait bien de faire un tour dans cette capitale, perchée à 2600m d'altitude, au pied du Monserrate et de la chaine qui arrête l'urbanisation.

Le vieux quartier de la Candelaria regorge de ruelles mignonnes. Dès les 1ères minutes la ville nous plaît. Sur la Plaza Bolivar, les vendeurs de « minutos » (minutes d'appels téléphoniques -genre cabines téléphoniques humaines) brandissent leurs petits panneaux pour se faire de la pub, on dirait qu'ils manifestent. Il y a aussi les vendeurs de « BonIce » et de « CremHelados » avec leurs costumes ridicules, les vieux vendeurs avec leurs landaux pleins de bonbons, de « chiclets » et cigarettes, les vendeurs de graines pour donner à manger aux pigeons... le centre de Bogota a une âme.

Autres célébrités colombiennes, Botero et ses gros. Le musée du peintre sculpteur est très chouette. L'artiste n'a pas besoin d'aller loin pour s'inspirer de tous les gros qu'il a créé, la rue en est farcie.

Comme sa voisine venezuelienne Caracas, Bogota est dôtée d'un téléphérique qui permet d'atteindre un point de vue sur la ville, on grimpe à 3180 en quelques minutes. Mais, contrairement au téléphérique Chaviste, celui de Bogota est ouvert tous les jours. Nous profitons d'un temps clair et dégagé pour grimper au Monserrate. Bogota est immense, on ne voit même pas la fin de la ville à l'ouest, mais il y a moins de grattes-ciel qu'à Caracas. Un Jésus géant sur une montagne à côté disparaît dans la brume, c'est l'heure de redescendre avant de refroidir.

L'office du tourisme de la ville nous a donné un prospectus sur le programme d'un centre culturel où joue l'orchestre philarmonique de Bogota. On voit « Rumba al Parque », jeudi, 13h00, gratuit. Ni une ni deux, on part à la recherche de ce centre culturel. On s'attendait à une ambiance un peu guindée, on se retrouve dans la cage aux fauves!

A l'entrée un type nous arrête et nous dit qu'on ne peut pas entrer car c'est pour « les gens de la rues ». Mon cerveau convertit ce « gens de la rue » en « gens du quartier » et on proteste en lui sortant le prospectus. Un autre lui dit qu'on peut passer, alors on s'asseoit sur les gradins en plein air. En regardant autour de moi, je commence à décrypter la phrase « gens de la rue ». Tout d'abord, il y a des banderoles géantes aux couleurs des services sociaux de Bogota. Ensuite, le public n'est pas vraiment guindé, mais plutôt mal rasé, mal coiffé, édenté. Oui les amis, nous sommes en plein milieu d'un regroupement de SDF bogotanos. On se fait tout petits, je ne me sens pas très à l'aise quand je croise certains regards. Mais après tout, on est venus voir de la rumba, alors on va voir de la rumba!!!

Le pourquoi du comment: en fait c'est un concert organisé par les services sociaux de la ville pour ses SDF. Une journée pour eux, où on s'occupe d'eux, où on leur donne un tee-shirt et un pantalon propre, où ils on a manger et surtout, où ils peuvent s'amuser en musique, sans crainte.

Je commence à me détendre quand un groupe de starlettes masculines de la télévision colombienne entre sur scène et que tout le public de durs à cuire se transforme en midinettes presque pire que les fans de Bruel dans les années 90. Tonnerre d'applaudissements, cris, autographes, photos, tout le monde veut leur serrer la main. Là, David et moi sommes attendris par le spectacle. Les visages de gens qui en bavent sont heureux et décontractés, tout le monde danse, tout le monde s'amuse. Des Madames Prout-Prout de Bogota Telecom, qui sponsorise la journée, dansent avec des vieux clochards.

Il y avait de sacrés têtes, on aurait aimé tous les prendre en photo... mais bon, on ne voulait pas trop se faire remarquer.

Bilan des courses, une journée mémorable au coeur de la faune des rues de Bogota.

En marchant dans l'avenue Jimenez, on tombe sur une petit manifestation du MOVICE, une organisation qui lutte contre l'impunité des crimes commis par l'Etat. On s'arrête, on regarde, on écoute. J'ai souvent traduit des articles sur ces gens qui ont de gros problèmes avec l'Etat en voulant que justice soit rendue. Encore un exemple qui me rapproche de mon job de traductrice.

Il est temps de continuer le voyage, on part à Medellin en bus, on se retrouve en 1ère classe parce qu'on a une tête de touristes, au moins la nuit dans le bus ne sera pas trop mauvaise!

Medellin

Medellin, la ville réputée dans les années 70-80 pour ses cartels narco-traficants, celle là même!

Nous nous plongeons dans le bain dès l'arrivée. La ville est grande et il y a du monde. C'est ici que nous sommes le plus confrontés à la réalité de l'Amérique Latine, à laquelle nous échappons depuis le début du voyage (hormis le Guatemala). Des SDF partout, des jeunes qui sniffent je ne sais quel produit, des estropiés à vous retourner les tripes... Une réalité dure qui n'empêche pas la ville d'être vivante, vibrante.

Des grosses et gros de Botéro, enfant de la ville, traînent sur une place, statues très prisées de tous les habitants.

Nous tentons une escapade au Cerro Nutibara, pour voir la ville d'en haut. En dehors du centre, Medellin n'est pas faîtes pour les piétons et chaque traversée de route est une mission dangereuse. Revenus sains et saufs de la ballade, nous nous installons sur la Plaza Bolivar, le coeur de la ville. Un spectacle réel et fantastique s'offre à nous, pour le plus grand plaisir de nos yeux de touristes avides d'authenticité. Un pépé qui vend ses glaces maison nous fait sursauter en hurlant à nos oreilles, sur un ton très sérieux « Van a chupar? », (Vous allez sucer?), drôle de sloggan pour vendre des glaces!

Nous reprenons notre poste d'observation sur la Plaza Bolivar pour observer un peu à quoi ressemble la vie ici, un dimanche en fin d'après-midi. Les lanceurs de pièces, les courses de cochons d'Inde, les vendeurs de glaces, les travestis, les mémés, les pépés, les familles... Ils sont tous là!. Un type s'approche de nous et nous invite à rejoindre l'arrivée de la Gay Pride. Nous le suivons alors à quelques ruelles de là.

Et nous voici, un certain 27 juin 2010, au milieu de la cage aux folles. Après la cage aux fauves de Bogota, une nouvelle expérience haute en couleurs.

Qu'on se le dise, la chirurgie esthétique ne coûte pas cher en Colombie. Difficile de dire si c'est un colombien ou une colombienne en face de nous! Ils sont beaux, ils sont chauds. Les paires de nichons et les culs siliconés s'exhibent devant nos nez. Les travestis et transexuels feraient palir de jalousie les mannequins les plus connus, les filles, les hommes s'embrassent goulument, tout le monde semble libre et heureux. Un baptème du feu pour moi... heureuse que cela se passe en Colombie.

Nous nous mêlons à la foule et attendons avec une bière l'arrivée des « stars » sur la scène. C'est le transformiste Tania qui ouvre le bal. Vêtue de sa robe rouge et de sa péruque blonde elle s'égosille sur scène. Il se met à pleuvoir comme vache qui pisse mais, Tania jure que c'est pas de sa faute! Celà ne décourage pas certains fans qui continuent de danser sous la pluie.

Nous, chanceux, on est abrités et on est aux premières loges quand Hector et Wilma entrent en scène... le son d'un flamenco remixé résonne et nos deux mecs commencent le show. Et puis, vient le tango... Hector et Wilma, j'ai oublié de dire qu'ils sont en SM, caleçons moulants et lanières de cuir en guise de costume, entament un tango sensuel. C'est qu'ils dansent bien les enflures!

Pendant le spectacle, pour échapper à la pluie, nous sommes encerclés d'homos mecs. David se sent un chouya mal à l'aise quand l'un d'eux se colle à lui (la pluie est un bon prétexte). Il glisse un verre en plastique devant lui pour établir une barrière! Un remix de Gala le sauve pour quelques seconde quand le gordito se met à danser, mais le répit ne dure pas longtemps, je viens renforcer la fine barrière avec mon verre en plastique!

Après toutes ces émotions et toute cette ville (enchaîner Bogota et Medellin c'est quand même rude!), nous avons besoin de campagne et d'air pur, cap sur Salento.

La zona cafetera

Salento est un autre charmant village qui vient s'ajouter à notre liste des trésors colombien. C'est encore plus coloré qu'ailleurs et c'est un vrai bonheur d'être à la campagne. Veaux, vaches, cochons, couvées... on respire!

La tenue locale se compose du poncho et du chapeau noir et blanc en paille. L'horloge en panne au coin de la place et de la calle real nous offre un décor idéal pour photographier les locaux. Comme l'horloge, le temps semble s'être arrêté dans le vieux café-billard de la rue. Un viel air latino s'échappe des hauts-parleurs, parties de cartes ou de billard français s'enchaînent dans une atmosphère agréable. On sirote notre bière, on se sent bien. Sur les hauteurs de Salento, un militaire fait de la balançoire avec son arme, un autre se fait percer les boutons par sa maman, ils sont en service, le spectacle est remarquable, la vie est belle ici.



Tout proche de Salento il y a la vallée de Cocora. Endroit surprenant où des palmiers très hauts poussen à plus de 2000 m d'altitude. A l'aube on prend place dans une jeep qui nous conduit au départ d'une belle ballade. Les sommets sont dégagés (chose rare en cette saison des pluies). On monte, on en prend plein la vue. Mais c'est en redescendant par un autre chemin qu'on a droit au plus beau paysage. Les palmiers percent la brume, ils grimpent à plus de 30 ou 40 mètres au dessus de nos têtes, dans les belles prairies vertes. Les palmiers des Andes sont hauts!



Après cette ballade, dans notre hôtel bleu, on a une envie de chocolat chaud. Notez qu'il ne faut Jamais faire chauffer du lait à la résistance, ça brûle, ça pue, ça tue la résistance. On a réussi à sauver notre plus précieux ustencile de cuisine, mais in extrémis!



Tatacoa

Après Cocora, nous nous enfuyons vers le désert de Tatacoa. En Colombie la Cordillère des Andes se sépare en deux chaînes et forme une longue plaine traversée par le Rio Magdalena. A quelques kilomètres du rio, se trouve donc ce petit semi-désert. Les arbres se transforment en arbustes, en buissons d'épineux et en cactus. La terre est rouge presque violette par endroit et l'érosion a creusé un Grand Canyon miniature. Les cactus chandeliers rivalisent dans l'originalité des formes et des petites boules vertes piquantes sortent du sol comme des champignons.

On commence à explorer le désert en se balladant dans le labyrinthe de Cuzco. Waouh! La terre déséchée forme une croute épaisse qui se casse sous nos pieds, c'est tellement beau qu'on a peur de marcher. En marchant plus loin sur une piste, le rouge fait place au gris. Les canyons érodés s'exibent devant nous, on est babas!

Et puis soudain, un son lointain brise le silence, une musique. Le son se rapproche. Et il surgit, le Touk-touk de Tatacoa! Iiiiiiiiiiiiihhh aaaahhhhh! J'ai pu dégainer l'appareil photo à temps, on est morts de rire. C'est un peu comme la Lambada de Villa de Leyva, ça sort de nulle part, au milieu de rien, et ça nous fait rire!

On accroche nos hamacs à l'Observatoire astronomique du désert, on se réveille au petit matin dans ce décors, non, on n'a pas rêvé! Le seul hic à ce coin de rêve, se sont les sales petits moucherons voraces, limite carnivores, qui ont une soif de sang à concurrencer Dracula! Résultat, des piqures plein les jambes et les pieds, qui grattent pire que les moustiques.



Le Sud des Andes Colombiennes

Nous mettons le cap vers San Agustin, un village reputé pour les statues pré-colombiennes que l'on peut trouver un peu partout dans la région. Nous nous installons chez François, un français installé dans les parages depuis 16 ans et qui a fait de son hôtel, un petit paradis pour routards.

Nous tombons en plein milieu des fêtes de San Pedro. Elections de miss locales et danses animent le village. Bonne ambiance, les colombiens aiment la fête. Un dimanche de juin à San Agustin, les cavaliers ont sorti leurs montures, leurs chapeaux et leurs ponchos, et le but du jeu est de rester le plus longtemps possible sur son cheval à trotter dans le village, tout en se bourrant complètement la gueule jusqu'à ne plus trop bien savoir si c'est le cavalier qui dirige le cheval ou le cheval qui est totalement autonome et ramènera son patron chez lui... en tout cas, c'est fascinant, un peu effrayant aussi, de se retourver au milieu de cette cohue! On adore!

En ce qui concerne le but de notre venue à San Agustin, le parc archéologique et ses vieilles pierres, très intéressant, très drôle vu la tête des statues, mais beacucoup moins fun qu'une foule de colombiens pétés sur des chevaux!

Difficile de nous arracher au petit paradis de François, mais nous voulons atteindre l'Equateur dans quelques semaines, alors on se motive et on part à Popayan. Encore un bien joli nom Popayan.... Ah ça vous fait rêver la colombie.....

Entre San Agustin et Popayan, nous avons emprunté probablement l'une des plus belles routes du pays. Splendides montagnes andines. Mais ici comme au Guatemala, les gens ont tendance à avoir le mal des transports. Imaginez vous coincés pendant 5 heures à l'arrière d'un bus bondé, entre un couple qui jette la couche pleine de merde de leur môme derrière le siège, à gauche de David et, un jeunot et sa petite soeur sur les genoux, qui dégueulent leurs tripes... Un coup l'un un coup l'autre... et la fenêtre qui ne s'ouvre pas.... maudite fenêtre! 5HEURES bon sang, 5 heures! Ça vous fait toujours rêver notre voyage??? J'espère que oui!

Popayan est surnommée la ville blanche et en effet elle est blanche! Bon elle était un peu grise car nous sommes arrivés sous des trombes d'eau, mais belle quand même.

Nous profitons d'une éclaircie pour grimper sur une petite colline au dessus de la ville, histoire d'avoir un joli point de vue. On s'asseoit, on regarde et soudain, un grand « J'y crois pas » brise notre méditation... on se retourne surpris d'entendre du français et v'la t'y pas qu'on voit apparaître nos deux compères, Lisa et Samy! Surprise générale et retrouvailles chaleureuses! On savait qu'ils devaient passer par Popayan, mais après la tentative de rendez-vous manquée de Medellin, les messages laissés au hasard sur facedebouc, on avait un peu capitulé. Comme on dit si bien chez nous, on aurait voulu le faire qu'on n'y serait pas parvenus vindieu!

Sachez les copains, que tous les quatre, on a rencontré Jean Claude Van Damme.... oui, oui! Un gentils monsieur cireur de chaussures, venu nous faire un brin de causette car il se sentait un peu seul, nous a fait une démo de roulé-boulé, avec coiffé de cheveux avant la cascade et geste de satisfaction après! On a quand même bien eu peur qu'il se brise les os, mais non, notre JC colombien va bien!

Nous partons explorer le village indigène de Silvia. Ici, les gens portent des petits chapeaux rigolos et des tenues bien à eux! Comme à chaque fois (ou presque!) que nous avons tenté une ballade avec Samy et Scoublisou, il se met à pleuvoir comme vache qui pisse. Je crois qu'on n'a pas de bol quand même!

Un pas de plus vers la frontière nous mène à Pasto. Rien d'exceptionnel, si ce n'est qu'on a pu assister à un fabuleux match de foot près du lac de la Cocha. Comme d'hab, quand on est tous les 4, il se met à flotter 10 minutes après notre arrivée, alors nous abandonnons l'idée de marcher autour du lac, par contre, le match de foot local, avec un cantonier qui rebouche les trous 2 minutes avant le début, l'arbitre de touche en botte en caoutchouc pour aller chercher le ballon dans les marais et les joueurs qui ressemblaient plus à des catcheurs dans la boue qu'à des footeux...... peu importe la pluie, on a regardé tout le match!!!



Allez, l'heure est venue de gagner l'Equateur... nous aurons passé 7 semaines en tout dans ce merveilleux pays. La mauvaise réputation de la Colombie est bien moche. Qui met le pied en Colombie en tombe sous le charme. Loin des trafiquants et des guérilleros, que l'on croise vraiment en cas de pas de bol, ce pays est incroyablement accueillant... Que viva Colombia!

samedi 19 juin 2010

¡Chevere!

Le jour où on part en voyage, on est heureux... on sait que l'on va vivre des choses inoubliables, qu'on va faire des rencontres, qu'on va s'en mettre plein les yeux. Mais, le jour où on part, quand on dit au revoir à nos amis, à nos familles, on pense aussi aux mauvaises choses qui pourraient leur arriver en notre absence, car après tout la Terre continue de tourner.


Et la Terre a tourné, elle a emporté ma Tata Nounouche et le putain de nénuphar qui la rongeait. C'est la vie il paraît. Mais depuis la Colombie d'où j'écris ce message, je veux dire à quel point je l'aimais, et à quel point elle va me manquer. C'était une Tata farcie, une Tata avec un rire qui fait rire, une Tata sympa, une Tata avec un caractère Lledos redoutable, une Tata drôle, une Tata unique... C'est dur d'être loin, mais c'est ça aussi le voyage, c'est ça mon voyage.

Tata, on a bu un coup de rouge en pensant fort à toi.

Hasta Luego Tia, Que le vaya bien, comme ils disent ici. En attendant, on va continuer notre route.

Et ça continue...Chevere!

A la frontière...

La Colombie ayant une réputation (pas volée) de paradis de la cocaïne, sortir du pays pourrait rendre parano un Petit Chanteur à la Croix de Bois, qui imaginerait qu'on a glissé un sachet de poudre blanche sous son aube. Après une fouille de sac très brève, le douanier n'a même pas ouvert le sac de David, nous voilà de retour au Venezuela!

En mars 2008 David et moi nous étions envolés pour 3 semaines et demie au Venezuela. Premier voyage ensemble et 1er pays d'Amérique Latine pour moi. Le Venezuela faisant deux fois et demie la France, nous nous étions contentés de visiter l'est du pays: de Caracas à El Pauji, en passant par le merveilleux Salto Angel, le géant Delta de l'Orénoque et un peu de Côte Caraïbes. Un sacré voyage!

Maracaibo, Aïe, c'est pas beau

1ère halte: Maracaibo.

10 ou 15 contrôles de police plus tard et une enfilade de panneaux à la gloire du Président Chavez, nous atteignons la 2ème ville du pays. Le bruit et la fumée des vieilles américaines nous envahit, nous monte à la tête. Après le passage dans le merveilleux désert du Cabo de la Vela, la transition est rude. Très rude.

Maracaibo n'a pas bonne réputaion, mais comme dit Georges, la mauvaise réputation...

Et bien, je suis au regret de dire que, selon moi, Maracaibo ne vole pas sa mauvaise réputation... sale, enfumée, bruyante, dangereuse... un vrai paradis quoi. Il reste pourtant quelques jolies trâces coloniales et notamment une petite ruelle fort sympathique et colorée. Mais, à 18h pétante, le centre se vide. De la fenêtre de notre hôtel, nous assistons à « l'évacuation » du centre! Euh mais on doit sortir manger là, c'est pas très très engageant de mettre le nez dehors s'il n'y a plus personne! Heureusement la pseudo boulangerie du coin vend des empanadas et un papi a un petit chariot avec quelques légumes qu'il n'a pas encore remballés, on est sauvé. On a même le temps d'acheter une Polarcita, une petite bière Polar, le pied!

Ma description est négative, David vous dira que ce n'est pas si terrible que ça... On adore les vieilles bagnoles américaines qui datent des années 50 ou 60, qui fument qui pètent qui sont prêtes à rendre leur dernier souffle à chaque feu rouge. Ouh celle là, elle va perdre son coffre... et celle-ci, c'est la portière qui va tomber...

Le lendemain, mission change d'argent. Il y a deux ans, on pouvait changer de l'argent au noir partout. C'était pas très légal, mais qui pouvait résister à un taux quasi deux fois plus élevé que le taux officiel... pas nous! Mais en deux ans les choses ont bien changé... Personne pour nous conduire dans un petit bureau, au fond d'un couloir lugubre, pour nous changer nos dollars (qu'on avait ramené du Panama spécialement pour les changer au noir au Venezuela!). Personne. Mais que ce passe-t-il ici?

On visite un autre joli quartier de Maracaibo, mais un Monsieur nous déconseille fortement de trainer dans le coin. A deux bloc de la Plaza Bolivar, une maison en ruine sert de décharge publique et ça empiète fortement sur la rue. Ça pue, c'est dingue. Mais Hugo, qu'est ce que tu fous bordel? Il te sert à quoi l'argent de ton pétrole???


« Patria socialista o muerte » est ton sloggan, inscrit en gros et en rouge, sur le siège de ta compagnie pétrolière... alors c'est ça le socialisme?
Si le régime chaviste n'est pas une dictature, ça pourrait y ressembler. Le culte de la personnalité à la Staline, ça il sait faire Hugo! Sur chaque panneau, au bord des routes, dans les villes, on a droit à: Chavez qui pense, Chavez qui sourit, Chavez patriote, Chavez le poing en l'air, Chavez avec des jeunes, Chavez avec un petit garçon, Chavez qui joue au baseball (oui, oui, le jeu américain!!), « le président Chavez vous souhaite une bonne route » sur le pont de Maracaibo... du Chavez à toutes les sauces, attention ça peut provoquer une indigestion.


Coro, rencontre avec les « fransouces »

Dès notre arrivée à Coro nous nous faisons alpaguer par un type qui nous propose de changer de l'argent... oh celui-ci on ne le laisse pas passer. Par la même occasion il nous montre une posada fort agréable et pas chère, tenue par un couple franco-venezuelien, Eric et Nela. Après nous avoir fait poireauté toute une soirée, Le type fini par nous proposer 1dollars pour 7 bolivars (contre 1 pour 4,3 au taux officiel). Nela nous explique que depuis une semaine, Chavez a fait passer une nouvelle loi qui prévoit 7 ans de prison pour les venezueliens et 1 an pour les touristes pris en flagrant délit de change au noir. Ouh ça rigole pas! C'est donc pour ça que personne ne propose plus de changer au noir.

Au « Gallo » (coq), la posada d'Eric et Nela, on rencontre deux français, Lisa et Samy, fraîchement débarqués sur le continent sud-américain pour six mois de voyage. On papote, on discute, on raconte, on est bavards!

On décide de partir tous les quatre faire une ballade qu'Eric nous a conseillé. On part donc pour le Chemin des Espagnols, dans la Sierra Nevda de San Luis. Une très belle ballade dans la forêt tropicale, 1ère jungle pour Samy et Lisa. On a droit à nos R2D2, des papillons morphos bleus, des singes hurleurs...

On fait une pause baignade dans de jolies casades, il se met à pleuvoir, on décide de rentrer... et c'est là que les choses se gatent. Pas de bus, pas de taxi, pas de voiture qui s'arrête pour nous prendre en stop... et la nuit qui tombe. L'histoire commence à nous faire moyennement rire. En plus il pleut et on a quand même l'air un peu con tous les 4 avec nos capes de pluie et notre air paumé. Mais coup de bol, à 19h28 très précises, le dernier (et unique!) bus passe et nous ramène à Coro. Nela, à l'hôtel, commençait à s'inquiéter de ne pas nous voir rentrer!

Encore deux journées tranquilles à Coro, avec visite du « désert » aux portes de la ville, qui ressemble plus à la dune du Pila qu'à un désert, mais qui est joli quand même.

Nous décidons de mettre le cap vers les Andes Venezueliennes. Le début (ou la fin, ça dépend d'où on part!) de la célèbre Cordillère des Andes. Un nom qui fait rêver...





Les Andes

Lisa et Samy aussi partent vers Merida, on fait donc la route ensemble. Beaucoup de choses ont changé dans ce pays en deux ans, par contre, il fait toujours aussi froid dans les bus de nuit. Les bus frigos sont toujours là. On s'arme de polaires, vestes, chaussettes, couverture British Airways, et on résiste au froid pendant 12 heures de trajet.

On déconne bien avec Lisa et Samy, ça fait du bien!

La grande attraction touristique de Mérida est son téléphérique. Le plus long et le plus haut du monde... on en rêvait. Sauf que, il est fermé ce fameux téléphérique. Mais pour nous consoler, nous avons pu voir une immense photo du président Chavez, le poing en l'air, avec son béret de révolutionnaire (mes fesses!).


On tente notre 2nde sortie de français jusqu'au village de Mucuchies. Il pleut quand on arrive... décidément! Et moi quand il pleut et qu'on est à près de 3000m d'altitude, j'ai envie de chocolat chaud. Alors, après un chocolat chaud, délicieux, on brave la pluie jusqu'à San Rafael de Mucuchies. A 10h00 de matin, on fait une dégustation de Punch Andin local exquis. On est conquis et à l'unanimité on décide d'acheter une bouteille pour l'apéro du soir.

Très joli village et très jolies montagnes. Enfin je suppose que les montagnes sont jolies, car à vrai dire, on n'en a pas vu grand chose des montagnes. Merci les nuages.

La 3ème tentative a été la bonne... on commence à former une bonne équipe avec Samy et Lisa... Cette fois on s'embarque pour de la vrai montagne. On arrive en bus à 3000m d'altitude. Le décor andin est planté: peu de végétation, quelques buissons et surtout la «frailejon», une plante typique des andes au touché de velour. Il fait beau, ça paraît presque suspect! On commence la ballade, mais on en bave, on sent les 3000m. Le chemin est fabuleux. La vue magnifique sur ces sommets majestueux qui trônent à près de 4000 ou 5000m. Le soleil est toujours avec nous. Il nous chauffe le dos et nous pousse à la sieste dans l'herbe. On à l'impression d'être seuls au monde dans ces montagnes si belles.



On redescend à l'arrêt de bus assez tôt afin de ne pas réitérer la mésaventure de Coro. Le temps se couvre et dès que le soleil disparaît, la température baisse vite. Toujours pleins de déconnade, on regarde de femmes à la 50aine tardive, en train de picoler avec le chauffeur du taxi qu'elles ont embauché. Ça nous semble étrange de voir ces deux bonnes femmes picoler à 3000m, en débardeur, toutes excitées! Soudain elles nous font signe et nous proposent une rasade de leur alcool « barato », (pas cher). Ni une ni deux, tout est bon pour se réchauffer, on y va. Là, nous faisons connaissance du phénomène Lourdes et de son amie Chinita (Chinita -petit chinoise- ou chino -chinois-, sont des noms employés dans toute l'amérique latine afin de désigner tout asiatique ou personne ayant les yeux bridés. Chinita (je ne me souviens plus de son prénom), n'est pas plus chinoise que moi, mais elle a les yeux vaguement bridés alors elle n'y échappe pas et devient « Chinita ». L'alcool nous réchauffe, on fait tourner la bouteille! Lourdes nous plaît. Elle nous explique qu'elle et Chinita sont venues boire en montagne pour respirer l'air pur et s'imprégner de la force des montagnes (ou un truc dans le genre!). Elle est drôle, pleine de vie, elle a l'air chaleureux. Elle nous donne son numéro de téléphone et nous propose de nous louer des chambres dans son hôtel pas officiel.

Le soir, à Mérida, autour de notre bouteille de rhum andin, on décide d'aller chez elle le lendemain. Après tout, c'était une bonne rencontre et pourquoi ne pas connaître Lourdes un peu mieux avant de poursuivre nos chemins.

Quand j'appelle Lourdes, elle a l'air trop contente qu'on la rappelle... Elle vient nous chercher avec son mari Ciro.

Ciro est adorable aussi, mais c'est l'inverse de la tornade Lourdes. Il est plutôt calme, réservé, ne boit pas (plus). Lourdes, institutrice retraitée, nous montre sa belle maison, une ferme et nous offre à boire. La soirée arrosée débute à 15h, je vous laisse deviner comment ça finit!

Il paraît que les français disent toujours Oh la la... balivernes me direz vous, c'est encore un cliché, comme la marinière et le béret... Et bien non. De tout son sérieux, Lourdes nous demande ce que « oh la la » veut dire, car elle a remarqué qu'on le disait sans arrêt. Incroyable, on dit des choses sans s'en rendre compte!

Lourdes nous donne une leçon de cuisine et nous apprend à faire des arepas, une tradition venezuelienne. Délicieuses les arepas de Lourdes. Sa maman nous fait un chocolat chaud divin, et nous partageons tout cela autour d'une tablée avec des amis de Lourdes.

Un monsieur m'entreprend sur la politique... aïe, ça m'intéresse. Profondément déçu du chavisme, il me demande ce que j'en pense. Difficile à dire, car à la base, les idées sont bonnes. Par contre, il semble que question application de ces bonnes idées, senor Hugo mérite une mauvaise note. Un jeune intervient et lui est plus que déçu et traite Chavez de dictateur. C'est vrai que son parti contrôle l'exécutif, le législatif et le judiciaire, difficile de croire à un régime juste. Ciro non plus n'aime pas Chavez. Il n'y a que Lourdes qui est 100% chaviste, ça doit être à cause de la cocaïne qu'elle sniffe de temps à autre, mais malgré tout Lourdes est une femme géniale.

La soirée se termine sur des airs de guitare joués par Samy... on a tous la paupière alcoolisée et lourde.

Nous disons au revoir à Samy et Lisa, nos chemin se séparent ici, mais on espère les recroiser avant la fin de notre périple. Ils vont en Colombie, on va à Caracas voir nos amis François et Noris. Bonne route les jeunes, et à bientôt!

Caracas

12 heures de bus plus tard et nous voici à Caracas. François vient nous chercher au petit matin et nous ramène chez lui. Il annonce la couleur dès le début, on ne parle pas de politique à la maison. Il est extrêmement déçu par Chavez mais Noris est Chaviste et la politique déchaine les passions chez eux aussi. On peut parler de lui sans prononcer son nom, on dira juste « tu sais qui »; il est pire que Lord Voldemort.

Nous retrouvons l'appartement, au 19ème étage d'une tour caraquena. Depuis deux ans rien n'a changé, la vue sur la ville qui s'étend est toujours aussi surprenante, l'ambiance toujours aussi chaleureuse, peuplée de souvenir de voyage sur les murs et les meubles. Les plantes du balcon resplendissent. Nous aurons même droit aux fleurs de la Dama de Noche, une fleur qui ne fleurit qu'une fois et qui ne dure qu'une nuit. Noris nous prépare des arepas, comme il y a deux ans, quand ils nous ont hébergés après notre rencontre sur la plage de San Juan de las Galdonas.

Nous pénétrons dans leur monde: découverte du parc et de ses arbres, François, qui vit depuis près de 30 ans à Caracas, fait parti du comité de défense de l'un des plus beaux parcs de la ville, au pied de son immeuble. Il nous fait aussi découvrir le jardin botanique et l'université où il travaille. Il nous parle de la situation du pays et confirme ce que l'on avait ressentit en arrivant.

Quant à Noris, elle a créé il y a longtemps une compagnie de danse, Coreo Arte. Nous avons le plaisir et la chance d'assister aux répétions du la troupe. Nous n'aurons pas la chance d'assister à la 1ère, mais nous nous régalons de voir les danseurs prendre leur pied avec la danse.

Ce passage à Caracas est aussi l'occasion pour nous de découvrir la ville, que nous avions fuit il y a deux ans. Nous apprivoisons ce tourbillon de bruit, de monde, de vie. Nous apprenons à l'aimer et à découvrir ses trésors cachés, ses joueurs d'échecs, ses vendeurs ambulants, ses marchés, même ses marchés « d'alternative socialiste » qui vendent la même marchandise capitaliste que les autres.

Caracas, on aime.

La ville immense est séparée de la mer par une haute montagne, miraculeusement préservée de l'urbanisation par un décret qui en fait un parc national. D'ailleurs, c'est un bon point pour Chavez, qui a déclaré la gratuité de tous les parcs nationaux du pays. Nous partons à la conquête du parc Avila. Une fois en haut, sur la crête, la ville s'étale d'un côté, percée par les grattes-ciel. De l'autre, le bleue de la mer des Caraïbes nous saute à la figure. C'est calme, c'est beau. Difficile de croire que plus de 3 millions de personnes circulent en dessous.

Dans le métro bien organisé de Caracas, nous hallucions sur un panneau qui vante les mérites d'un satellite. Mais attention, pas n'importe quel satelite... le satellite « Bolivar ». Simon Bolivar, le « libertador » (libérateur) de l'amérique latine, le héros du peuple, venezuelien de son état, dont Chavez est complètement sous l'emprise, se décline sous toutes ses formes: république, aéroport, monnaie nationale, ponts, musées, plus haut sommet du pays, université, places, magasins en tout genre... et même un satellite! Oui mes amis, Simon Bolivar permet aux venezueliens des contrées reculées de communiquer avec le monde!!!

Retour dans les Andes

Au revoir François et Noris, mille mercis pour votre accueil! Nous refilons vers les Andes. Cette fois nous choisissons le village reculé de Los Nevados. Sur les prospectus touristiques, ça fait rêver, alors on y va.

Quatre heures de 4x4 sur une piste étroite, boueuse, avec un ravin..... ouh chuleta, si profond que tu ne vois même pas le fond... je ne vais pas dire que j'ai eu peur, mais un peu quand même. Et à la sortie d'un virage, il est là. Planté sur sa petite crète, à flanc de montagne... tout petit tout mignon.

En vrai, le village de los Nevados est encore plus joli que sur le papier. Pas de mauvaise surprise, on dirait un village de poupée mignature, perché à 2700m d'altitude.

On est herbergé dans la posada de Justina, tout en haut du village, avec la plus belle vue. Encore une fois je suis à cours de mots pour décrire l'endroit et la sensation que cela procure d'être en haut et de se sentir petit dans ce décors.

Nous sommes sur les flancs du Pico Bolivar (je vous l'avais dit!) et nous rêvons de le voir. Nous testons aussi ce fameux satellite Bolivar, qui permet aux habitants et aux touristes que nous sommes, de communiquer avec le monde, et d'utiliser internet gratos! C'est d'ailleurs très comique car jamais je n'avais eu à traduire un texte sur un défenseur venezuelien. Mon tout 1er texte sur des problèmes liés aux droits humains au Venezuela, aura été mis en ligne sur des ordinateurs gouvernementaux, aux frais de la république bolivarienne, Merci Simon!

Le lendemain, quand nous entamons notre ballade pour enfin voir le Pico Bolivar, nuages et pluie nous accompagnent, on ne voit rien... merci la saison des pluies. Frustration assurée, on est dégoûtés, on retourne en Colombie.