mercredi 31 mars 2010

Nicaraguita

A la frontière...

Comme on ne peut pas avoir de la chance à chaque passage de frontière, le passage Honduras/Nicaragua n'a pas été aussi zen que d'habitude. Des employés qui ont rempli la fiche de « migracion » nous ont demandé un « pourboire », un douanier antipathique nous a demandé une taxe qui n'existe pas mais nous a quand même donné un joli reçu qui avait presque l'air officiel, toujours ce même douanier a regardé notre beau tampon du CA4 à 22$ avec des yeux ahuris et commençait à nous dire que ce n'était pas valable... ah punaise!
Coté Nicaragua, les formalités étaient plus cools. On a payé, mais là, c'était officiel, le dounier était bien luné, ça va!

En route

Nous n'avions que trois petits semaines pour visiter le pays, car nous avions rendez vous avec ma mère et Patrick le 13 mars au Costa Rica... trop difficile de calculer à l'avance là où nous serions mi mars, le Costa Rica paraissait le plus juste pour le timing, mais au bout du compte, on a dû mettre les gaz pour être à l'heure à San José.
On a donc décidé de rester dans l'ouest du pays, et de descendre tranquillement vers le sud.

Notre première étape: Esteli, une petite ville qui annonce la couleur du pays. Il fait chaud, très chaud... Les vendeurs sont vautrés par terre dans leurs magasins, (et dire qu'en France parfois ils n'ont même pas le droit de s'asseoir!), les vendeurs de lits, étalés sur les modèles de présentation, les rockings chairs pointent leur nez sur les trottoirs, le rouge et noir du parti sandiniste colorent les poteaux électriques, les bouches d'égouts et les tronc d'arbres, des peintures murales qui représentent la révolution décorent certains murs de la ville...
Dès les premières heures dans le pays, on était sous le charme.



Après Esteli, on a fait un crochet par la région montagneuse, vers Jinotega et Matagalpa. La région est extrêmement sèche, et il fait très chaud. Mais les paysages sont magnifiques...
A Matagalpa, premier contact avec la révolution sandiniste et visite de la maison de Carlos Fonseca, fondateur du FSLN (Frente Sandinista de Liberacion Nacional). Ça nous donne envie d'en savoir plus sur l'histoire du pays, de connaître Sandino, l'Emiliano Zapata nicaraguayen, sur l'actualité aussi.
Entre Jinotega et Matagalpa, on croise notre premier travesti du voyage. Ça nous fait tout drôle d'en croiser un, dans ces pays latino-macho. On se dit qu'il/elle a du courage d'assumer si bien. El-il traverse le marché moulé dans son jean, les remarques fusent, il-elle à l'air de s'en moquer et de bien le vivre.
De Matagalpa, on file vers Leon, une ville coloniale située tout près de quelques volcans actifs comme on les aime! En route on traverse des rizières verdoyantes, ça tranche avec la sècheresse des environs.

Rocking Chair Attitude

Leon est très agréable, même s'il y fait encore plus chaud que dans les montagnes... les ballades en villes sont donc limitées aux heures « moins chaudes ». en début de soirée, quand on respire un peu plus, Leon revêt son manteau de tranquillité, les rocking chairs qui étaient à l'ombre des grands salons des maisons coloniales squattent les trottoirs, tout le monde papote avec son voisin. Se sont les bandes organisées de Leon: pépés et mémés profitent de la vie, de la vie comme on l'aime. Le « parque central » avec sa vieille cathédrale, s'anime aussi. Les gens se rassemblent pour prendre l'air. Les cireurs cirent, les marchands de raspados pilent... Oui, la vie est douce à Leon.



Encore des travestis, ils-elles semblent avoir trouvé leur place dans le pays. On en croise plusieurs, tout à l'air d'aller bien pour eux-elles! Bouche ouverte devant la telenovela du soir, le suspense est à son comble dans le feuilleton, elles-ils sont presque aussi bon public que les mamas en tablier.


Ay Nicaragua, Nicaraguita

A leon, on a visité le musée de la révolution. Ce moment sera probablement l'un des plus fort du voyage.
On s'est donc un peu penché sur l'histoire du Nicaragua, en allant visiter le « museo de la revolucion ». A l'entrée on nous a collé un guide, à qui l'on a fait comprendre qu'on voulait rester tous les deux pour visiter le musée. Il nous a laissé tranquille, mais nous a juste dit de lui faire signe quand on a fini. Le musée consistait en une seule pièce, aux murs couverts de photocopies d'articles de presse de l'époque et de photos. On a tenté de comprendre, mais certaines choses nous échappaient. On a mis quelques minutes à comprendre que le dictateur du pays avait un fils qui a pris sa relève, on s'embrouillait un peu dans les noms...
On a donc fait signe au guide qui nous a conduit sur le toit du musée, d'où nous avons eu un point de vue imprenable sur la ville et les volcans. Puis on a commencé à parler avec ce petit monsieur, Juan, qui nous a tout expliqué sur l'histoire, la dictature, les américains qui ont voulu dominé le pays, la révolution, Sandino... puis nous avons parlé actualités. Il était très au courant de ce qu'il se passe dans le monde, en France et ailleurs...
Pour lui ce sont les américains à l'origine du coup d'Etat au Honduras en juin 2009 (Steph, on a lu ton dernier commentaire juste après et on était content que Mermet ait la même conclusion que Juan!).
Tous les espoirs des pauvres sont dans les mains du président Daniel Ortega (du FSLN), et ils espèrent tous qu'il sera réélu en 2012.



Et puis il y a eu le grand moment... pour les toulousains et gens du sud qui ont grandi ou vieilli sur les airs révolutionnaires des Motivé-e-s, il y a une chanson sur le Nicaragua. Je ne me souvenais plus très bien des paroles, mais juste du « Ay Nicaragua, Nicaraguita, la Flor mas linda de mi querer (…) Pero ahorra que yo soy libre Nicaraguita yo te quiero Muchomas »...
Ni une ni deux, Juan a commencé à nous la chanter, le visage illuminé et heureux de trouver deux touristes qui connaissent une chanson de la révoltution de son pays.
Il a enchainé avec l'hymne sandiniste, le poing en l'air... j'en ai presque les larmes aux yeux quand j'y repense!
Si quand j'étais ados et que j'écoutais en boucle ce CD, on m'avait dit que je me retrouverais ave David, sur le toit du musée de la revolution à écouter Juan qui chante Ay Nicaragua... jamais je l'aurais cru!

La capitale

Nous n'avons pas vu grand chose de Managua, la capitale du pays. Mais pour le peu de temps passé entre deux bus, j'ai eu mon lot de crise de nerf. Un « ayudante » de bus (toujours eux, ces raclures!) qui voulait nous faire payer les pour les sacs, un chauffeur de bus qui oublie de nous prévenir de l'arrêt et qui nous amène à son terminus dans un faubourg perdu de Managua... les insultes ont fusées, les types en ont eu pour leur compte!
Qu'on se le dise, on n'arnaque pas David et Chloé, quand ils n'ont pas petit déjeuné, qu'il fait chaud et que la route est longue... non, vraiment, faut pas se frotter à nous!!! puta mierda cabron...

Masaya

Après toutes les péripéties sur la route, nous sommes arrivés à Masaya, une ville pépère où il y a encore plus de rocking chairs sur les trottoirs à la tombée du jour.
Tout près de là, il y a le Parc National du Volcan Masaya. Ça nous manquait, on y est allé... 6 km à pied sous le soleil, dans une forêt tropicale sèche, des oiseaux bleus et blancs fantastiques à houpette, un torogoz, une coulée de lave sève qui nous fait voyager direct sur la lune... et au bout de la route, un cratère profond, fumant, que l'on peut voir d'en haut... merveilleux. (je suis à court d'adjectifs qualificatifs, j'ai l'impression de me répéter à chaque fois... mais c'est vraiment beau!).

On a visité des tunnels de lave. Pas grand chose de différent avec une grotte ordinaire.
Par contre, un volcan qui fume, ça pue! Ça sent très fort le souffre et c'est toxique, alors la contemplation reste limitée à quelques minutes. 6Km pour retourner au bus, et un bon jus de goyave frais en guise de carotte pour nous faire avancer!!!



Nos deux mamans nous ont avertit d'une alerte au Tsunami, pas de problème on n'est pas près du pacifique. Par contre à l'hôtel, pour la première fois on tombe sur TV5 monde et on constate avec effroi que la tempête a fait des ravages en France... Finalement on vit plus sereinement sans la télé!!!

Et puis on a rencontré Bismark... oui oui, Bismark! Un nica ex-drogué, ex-tolard (pour meurtre!), un peu perché mais sacrément gentil! Bismark avait une crainte énorme, que son prénom ait un lien avec le nazisme. Même si on ne se souvenait plus trop de quelle époque était Bismark -le vrai-, on a tenté de le rassurer. Bismark le nica nous a bien fait rire quand il essayait -en vain- de répéter « chloé », que j'épelais CLOE, rien à faire, pour lui c'était Clouet's.

Catarina et Granada

Petite halte dans le petit village de Catarina, encore plus pépère et rocking chairs que les autres bleds... journée calme au mirador qui surplombe la laguna de Apoyo.



Idem à Granada, très belle ville coloniale, marché très sympa et animé, étalages de cordoniers sur les trottoirs (très efficace pour faire réparer mes chaussures de montagne qui avaient fondues à cause de la chaleur du volcan Pacaya au Guate).



Très bel hôtel aussi, dans une demeure ayant appartenu à un ancien président hondurien. Il serait venu du Honduras avec des mules chargées d'or et il y en aurait encore de caché dans la maison! On aime les histoires comme ça!

L'ile d'Ometepe

Pour mon anniversaire, direction l'île d'Ometepe. Pas une île des caraïbes ou du pacifique, mais une île volcanique plantée au milieu du grand lac Nicaragua. Le trajet était mouvementé, le petit ferry « était pris dans le tanguage et le roulis» (dit David), ça soufflait... aïe! Arrivés à bon port à Moyogalpa, petite ville au pied du volcan Concepcion. Bus pour la finca Zopilote au pied du volcan Maderas, un petit coin de paradis coupé du monde, conseillé par Lulu et Lolo. Arrivée tardive oblige, nous nous retrouvons dans une tente. Toutes les chambres étaient prises.
C'était camping presque de luxe, nous avons loué la tente et on nous a fourni un petit matelas avec. Le cadre était magnifique, les oiseaux bleus et blancs à houpette volaient dans tous les sens, oui, c'était bel et bien un petit coin de paradis.

5 français à la conquête du Maderas

A la finca nous avons rencontré Hakima, une routarde qui arrive de Colombie et Hélène et Pierre, dit Pedro, deux amis venus découvrir le Costa Rica et le Nicaragua. Très agréables moments de bavardage et on décide de s'attaquer à l'ascension du volcan Maderas. On s'organise... guide ou pas guide? Quel chemin prendre?
On opte pour le solution pas de guide; on est 5, on va bien trouver le chemin. Départ tôt le matin pour échapper tant que possible à la chaleur écrasante. On entame la montée, des paysans à machettes nous indiquent le chemin (comme dit Pedro, on écoute toujours un homme avec une machette!). On croise un autre chemin, on laisse une balise pour le retour... dis donc, quelle organisation!

La montée devient difficile. Pourtant on était dans la forêt à l'ombre, mais il faisait chaud et j'avais vraiment du mal à avancer. Je crois que tout le monde « en a chié grave » mais eux ne le montraient pas!!! on s'est trompé de chemin sur quelques centaines de mètres, mais on est tombé en plein sur une troupe de singes capucins. Les premiers qu'on croise depuis le début du voyage.
Le chemin s'est terminé dans la boute, une belle gadoue... et puis au sommet, aucune vue! Ah les boules! Trop d'arbres. Heureusement on était venu pour profiter du lac du cratère du volcan. Quelle beauté! On a fait une pause, cassé une croute, somnolé dans l'herbe... puis on est reparti.



Plus bas, ah tiens... un croisement que nous n'avions pas vu en montant... à droite ou à gauche? Bon bin on a choisi à gauche... David qui ouvre la marche commence à émettre des doutes, c'était peut-être à droite... Effectivement, on s'est trompé de chemin. Mais pas pour rien... on est tombés sur le mirador pour admirer le splendide volcan Concepcion. L'un des plus beaux points de vue de l'ile pour comtempler le volcan. On était tous morts de fatigue. Après une pause au mirador, on est remonté, on a pris à droite et on est arrivé à la finca.

Vite une douche, puis direction le petit mirador pour le coucher de soleil. On se retrouve tous les cinq pour fêter la ballade et trinquer à mon anniversaire, qui est le lendemain, avec une bouteille de rhum!
C'est un super moment, belles rencontres.

Pedro et Hélène ont mis les voiles le lendemain, Hakima et moi étions pleines de courbatures, journée glandouille à la finca.

Retour sur le Pacifique

Plus que quelques jours avant le Costa Rica. On s'est rapporchés de la frontière et on choisi San Juan del Sur pour notre dernière étape au Nicaragua. Petite ville jolie mais réputée pour le surf, les éternels Brices de Nice décolorés, mais l'ambiance n'est pas trop désagréable.
On y a retrouvé Hakima, qui connait quelques personnes à San Juan. On s'est fait embarquer pour la soirée de la « penultima cerveza », c'est à dire, l'avant-dernière bière. Soirée bien arrosée, car on a bu beaucoup d'avant-dernière bière. Un hondurien qui n'arrive pas à prononcer mon prénom me surnomme « coronita » après m'avoir payé une toute petite bouteille de bière corona, sur laquelle il est écrit coronita (petite corona). On rigole bien.
Ruben, un mec avec qui on passe la soirée, connait Lila Dows, une chanteuse mexicaine que j'aime beaucoup mais que personne ne connait au Mexique et encore moins en Amérique Centrale). AH je suis contente, mais on apprendra par la suite que Ruben est barcelonais... ah c'est donc ça... il est européen c'est pour ça qu'il connait Lila!

Et puis il y avait Bertrand, un français venu s'installer à San Juan et construire un petit hôtel. Comme tout investisseur étranger il espère qu'Ortega va dégager aux prochaines présidentielles... moi ça m'énerve un type qui pense à ses profit d'étranger et non au peuple qui lui, aime Ortega.

Paranthèse politique

Bien entendu, Ortega n'est pas un saint. Comme tout président de gauche latino, son passé révolutionnaire aidant, il veut emmerder les Etats-Unis et par pur esprit de contradiction, il fait des courbettes à Ahmadinejad, et ça, ça me déplait profondément. Mais, hormis sa politique étrangère, les gens des classes pauvres du pays semblent avoir confiance, ils semblent avoir de l'espoir et ça, pour moi, ça compte plus que les investissements d'un français.

Vers le Costa Rica

Vendredi 12 mars, départ pour le Costa Rica. Samedi 13 maman et Patrick débarquent, 11 heures de vol des les jambes, un long hiver derière eux, ils sont tous blancs! Mais quel bonheur de se retrouver, après 5 mois et demi de baroudage.
La suite des aventures, très bientôt......

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire