lundi 31 mai 2010

COLOMBIE, Chapitre I

Brrrr la Colombie.....
Colombie ça rime avec Cocaïne, guerilla, FARC, Ingrid, paramilitaires, cartels, méchants moustachus... y'a tout ça en Colombie, mais juste quand tu te trouves au mauvais endroit au mauvais moment... Sinon en Colombie y'a tout plein de choses fantastiques, de gens, de musique... on vous raconte tout ça!

A la Frontière
Côté panaméen, la seule question (fondamentale pour un latino) était donc « Mais où allez vous regarder le Mondial de foot??? » Le reste, ça n'a pas d'importance, même David qui passe la frontière en maillot de bain (déchiré!)... ça fait pourtant mauvais genre!
Dernier bâteau, 45 minutes avant de mettre le pied sur le sol colombien. Dans ce petit bâteau qui nous trimballe, le capitaine, un pépé, nous lance « Aqui, Colombia » en nous montrant un gros rocher qui fait office de frontière naturelle entre les deux pays. Ça y est... l'Amérique Centrale c'est fini, à nous l'Amérique du Sud...

Nous débarquons à Capurgana, un village très joli et très agréable, l'endroit parfait pour nous remettre du long périple en lancha à travers les îles San Blas. Ici pas de douane visible, juste une petite dame qui a ajouté le 9ème tampon d'entrée dans nos passeports, tout en souhaitant la bienvenue en Colombie.
On prend nos quartiers dans un petit hôtel en face de l'océan. Décompression totale!

A nous la Colombie
Après avoir récupéré et accordé du répis à nos fesses qui nous maudissaient vraiment de leur avoir infligé toutes ces heures assises sur une planche, nous avons remis ça pendant 2h30, dans un bâteau jusqu'à Turbo. Ici commence un long périple jusqu'à la petite ville de Mompox. A Turbo on retrouve un bordel géant, du bruit, des raccoleurs qui hurlent à toute vitesse « taxi, taxi, taxi », « Cartagena, Cartagena » ou autre « Monteria, Monteria, Monteria »... on ressort nos talents de négociateurs avant de monter dans un bus, comme par magie le prix diminue de moitié quand on fait mine de s'éloigner et d'aller voir ailleurs! Ouais, on est bel et bien en Amérique du Sud.

Un bâteau, deux bus... la journée passe et nous sommes encore loin de Mompox, notre destination. C'est sur, on y arrivera jamais en une journée, ici l'échelle du pays a changé. Rien à voir avec les petits pays d'Amérique Centrale. Ici c'est grand! On opte alors pour Magangue, une ville proche de Mompox et plus facilement accessible. Un taxi collectif arrive à nous convaincre de nous y conduire, ok, mais c'est bien parce qu'il connait un hôtel pas cher du tout à Magangue. On embarque, c'est parti pour 1h20 de trajet!
Vous savez ce qui est drôle? C'est de crever à la tombée de la nuit sur une route colombienne... On sort la roue de secours, on sort le crick, on soulève la voiture... ah tiens, le crick passe à travers la carrosserie rouillée! En deux temps trois mouvements (colombiens, s'entend!) on repart!
Mais vous savez ce qui est encore plus drôle??? c'est de crever une seconde roue, 2 minutes top chrono après avoir changé la 1ère!!!!!
Mais heureusement, comme ici tout le monde connaît tout le monde, au milieu de nulle part, le taxi driver avait un copain. Allez zou, on va chercher une roue de secours (en moi-même je me dis, « il a du bol quand même si c'est la même taille! »). Ah bin non, c'est pas la même taille... allez, on va en chercher une autre, c'est toujours pas ça... les gens bien aimables devant chez qui on a crevé nous apportent des chaises et mettent la musique à fond. La salsa raisonne dans la nuit colombienne, bonne ambiance. La dame qui partage notre taxi nous offre une pomme. Ahhhhhhhh une pomme, ça fait 7 mois qu'on n'a pas mangé de pomme.... c'est bon! Merci Madame!!!
ça bricole, ça démonte, ça tape... au bout d'une heure, taxi driver revient avec une belle roue qui s'adapte à la voiture. Ils sont trop balaizes les colombiens!

Quand on arrive à Magangue, on commence à sentir que le conducteur ne connait pas vraiment d'hôtel à 10000 pesos... en plus c'est tard. Au bout du compte il en trouve un à 12000, et comme faut pas nous prendre pour des pigeons, on a déduit les 2000 pesos « imprévus » de sa course. Ça lui apprendra à baratiner des touristes!

Pour se rendre à Mompox, il faut prendre un bâteau. Pour aller au bâteau, il faut prendre un taxi ou... un moto-taxi. On opte pour la solution la moins chère, c'est à dire le moto-taxi, le trajet n'est que de 15-20 minutes. Mais ce qu'on n'avait pas prévu c'est de se retrouver à 3 plus nos deux gros sacs plus nos deux « petits » sacs. Ça n'a pas l'air de traumatiser le conducteur, qui démarre comme si de rien n'était, c'est plutôt moi qui flippe!
Ça se passe comme sur des roulettes et nous voici au point de départ des bâteaux, entiers!

De l'autre côté, 35km nous séparent de Mompox. Un moto-taxi nous réitère la proposition du 3+2+2... Bah, allons-y! Sauf que c'est plus long et que la moitié de la route est une piste. Nos fesses se remettent à nous maudire.
Mais encore une fois, nous arrivons entiers, avec l'agréable impression d'avoir fait quelque chose qui sort de l'ordinaire! Rien de plus ennuyeux que le taxi normal non?

Sur les trâces de Garcia Marquez...

Nous qui aimons tant ce cher Gabriel, ça nous donne des ailes d'être dans son pays. Nous avons choisi d'aller à Mompox car c'est la petite ville qui l'a inspiré pour écrire « Chronique d'une Mort Annoncée ». Je me souviens avoir flâné dans les rues de Romes, le livre dans mon sac, et d'avoir profité des pauses à l'ombre pour dévorer ce petit roman. J'avais imaginé ce village, et bien maintenant nous y voici. Il est là, installé sur les rives du Rio Magdalena, avec ses ruelles de maisons coloniales, ses toits en tuiles rouges, ses églises, ses charettes tirées par des ânes, ses vendeurs ambulants, ses vieilles Renault 12 et autres nombres depuis longtemps oubliés en France...
Pour moi l'un des meilleurs villages du voyage. Je ne sais pas si c'est dû à ses jolies berges ombragées, au petit monsieur qui fait le tour de la ville avec son triporteur et ses enceintes qui jouent des vieilles chansons latines... ou peut-être le succulent riz à la noix de coco du comedor d'à côté, les placettes, le marché, le monsieur qui nous a donné des mangues dans la rue...
En tout cas, lorsqu'une vieille et belle version de « Dos Gardenias para ti » (reprise par le Buena Vista Social Club) a raisonné dans la rue, j'ai été envahie d'une grande joie... ce sont des toutes petites choses comme ça qui font de ce voyage un pur bonheur.


Par contre, la chaleur de Mompox est suffocante. Trop loin de la mer pour que l'air parvienne à rafraîchir la ville, la chaleur te prend et t'étouffe. Le soir, se faire une petite salade relève de « l'hyper difficile ». Couper 3 tomates, 1 carotte, peler un concombre... ah ce maudit concombre... tu as l'impression de fondre comme une glace en plein désert.

L'Amour au Temps du Choléra

Après Mompox, nous avons mis le cap vers Cartagena, la célèbre ville coloniale, et toujours sur les pas de Garcia Marquez. Cartagena est immense, mais elle possède deux vieux quartiers coloniaux. Il y a le centre historique, resplandissant et un autre vieux quartier un peu plus délabré, mais qui regorge de petits trésors. Nous nous installons à Getsemani, la partie plus délabrée, au dessus d'un club de salsa.

Un américain croisé au Panama nous avait expliqué que le centre historique appartient aux gros chefs traficants de cocaïne. Ils y ont installé femmes et enfants et y font régner un calme presque suspect pour une ville colombienne. En tout cas si l'argent sale sert à blanchir les façades et à fleurir les balcons, il redonne à Cartagena toute sa splendeur, ce qui n'est pas pour déplaire aux touristes que nous sommes. Nous nous imaginons fort bien les personnages de l'Amour au temps du choléra déambuler dans ces jolies ruelles.
Mais, la partie plus délabrée est très agréable elle aussi et n'a pas le coté ville-musée qui rend le centre historique un peu faux. On flâne, on prend des photos, on vit tranquillement au rythme colombiano.


Le soir, nous nous installons sur le balcon de l'hôtel avec notre bière fraîche et nous nous laissons aller à nous imaginer vivre ici, dans l'une des innombrables vieilles maisons à vendre dans le quartier de Getsemani. Le vent chaud nous berce et le son de la salsa du club d'en dessous envahit la rue. Cette fois j'ai droit à une version de l'une de mes chansons préférées « el carretero ». Je reste là plantée et j'écoute, toute émue. Non vraiment, la Colombie c'est super!



Santa Marta
Après la belle Cartagena, nous prenons la route de Santa Marta, point de départ des treks pour la « Ciudad Perdida » (la Cité Perdue).
Santa Marta est moins resplandissante que Cartagena, mais il y règne une douceur de vivre incomparable. Nous délimitons involontairement un périmètre entre l'hôtel, la Plaza Bolivar, le marché et la plage-port. Dans ce périmètre, il y a toute la Colombie: odeur de pisse, vendeurs ambulants, musique, vieux qui regardent les gens passer, petites boutiques qui vendent de tout sur des étagères bien agencées et rangées, odeur de panaderia qui pénètre dans les narines... La plage de Santa Marta n'est pas un lieu de baignade, mais c'est un lieu étonnant. Sur la petite étandue de sable il y a tout plein de barques de pêcheurs. A la tombée de la nuit, il sont tous là, revenant ou partant en mer, vidant la poiscaille de ses tripes, taillant le bout de gras à la fraîcheur du soir. Nous on vient s'installer et regarder tout ça, mais nos yeux sont aussi attirés par le balais des gigantesques cargos, qui juste à côté chargent et déchargent leurs containeurs. Les petits bâteaux ont-ils des jambes? Certainement dirait la maman, pour porter ces cargaisons énormes jusqu'au bout du monde!


Les aventuriers de la Cité Perdue
En colombie il existe des ruines de la civilisation Tayrona, enfouies au fin fond de la Sierra Nevada de Santa Marta. Ces ruines sont accessibles uniquement à pied, en quelques jours de marche. Certains comparent la Cité Perdue au Machu Pichu. Ils disent que l'architecture est moins impressionnante, mais que le cadre est fabuleux. On se laisse tenter par un trek de 5 ou 6 jours, en groupe, avec guides, cuisiniers et mules porteuses. On n'est pas supers emballés par le côté groupe, mais on n'a pas vraiment le choix.
Alors c'est parti. Notre guide s'appelle Luis et travaille avec son frère Johnvani (prononcé Giovani), en charge de la cuisine. On est huit dans le groupe, Roni et Danny, deux israéliens, Ally et Billy, un couple americano-anglais, Kaitie et Paul, deux américains, et nous. Une Jeep nous amène au début du chemin, à deux heures de route de Santa Marta. Là débute le trek. Après tout juste une demie-heure de marche, on fait une pause baignade fort agréable. La saison des pluies est plutôt sèche dans le nord de la Colombie. La jungle est humide et la moiteur est difficile à supporter. Après la baignade on entame une montée sérieuse. En temps normal, ça passerait, mais là, avec l'humidité, on est tous en nage et tout rouges. Mais dès le début, le paysage est une récompense à nos efforts. Les montagnes abruptes sont posées là, majestueuses. On suit une crète et on redescent un chemin boueux très casse-gueule jusqu'au camp 1. Les hamacs sont déjà prêts, nous n'avons plus qu'à plonger dans la rivière pour nous rafraîchir un peu, et accessoirement, nous laver!!!

Nous faisons la connaissance d'Alex, l'assistant cuisto. En fait Alex, c'est Don Diego de la Vega... il a troqué son épée contre une machète et sa cape noire contre un tablier de cuisto. Et oui, une belle reconversion pour Zorro! Mais je vous rassure, il a toujours la moustache et sa gueule de latin lover!!!!

Le groupe fait connaissance autour d'une partie de « Yaniv », un jeu de carte très populaire en Israël, puis on va se coucher et s'endormir au son de la rivière et autres bestioles qui hantent la forêt. D'ailleurs, ça fait un boucan terrible tout ce mélange, il faudrait presque mettre les bouchons pour dormir!

Le lendemain, Luis nous propose d'aller visiter une usine clandestine de fabrication de cocaïne... une curiosité malsaine pousse le groupe à accepter la proposition, mais, évidemment, ce n'est pas gratuit. Comme si le fric généré par ce trafic ne suffisait pas, le type qui sert d'intermédiaire réclame une somme assez conséquente pour nous y conduire. Luis ne fait que transmettre l'information mais ne s'occupe pas d'y conduire le groupe. David et moi sommes aterrés par le manège et par ceux qui cautionnent le marché, même si ce n'est pas en consommant. Le type refuse de baiser son prix car les produits chimiques qu'ils ajoutent à la feuille de coca sont très chers. Après une rude négociation, certaines personnes du groupe y vont. Ils reviennent dégoutés par le gasoil, acétone, acide, sulfure, peinture et autres merdes ajoutées à la cocaïne. C'est sûr qu'après avoir sniffé tout ça, les neurones se mettent à tourbillonner...

La marche du jour commence tranquillement et elle est ponctuée de pauses fruits. Les montagnes sont de plus en plus belles, nous avons croisé un beau spécimen d'araignée et des moustiques voraces. Nous arrivons au camp 2 en début d'après midi. C'est un trek vraiment cool. Autre baignade, saut d'un rocher bien haut... je me lance dans le vide et trouve que l'eau est longue à venir... oui, c'était haut!
Luis nous demande si on veut faire le trek en 5 ou 6 jours. Après tirage à pile ou face, c'est le 6 jours qui l'emporte et on est contents de passer une journée et une nuit de plus dans la montagne. On apprécie le groupe de plus en plus On voyage tous sur plusieurs mois, mais pour certains, c'est l'heure de la fin.

Le troisième jour, c'est Johnvani qui nous guide. Luis a été appelé pour une réunion et nous laisse entre les mains de son frère, qui est guide aussi. On traverse la rivière 4 fois, c'est bon de se mouiller les pieds. Le chemin est bien entretenu, mais il n'est pas fait pour le tourisme de masse et reste assez sportif! C'est ce qu'il y a de vraiment bien dans ce trek. Certes il y a des groupes qui passent tous les jours, mais ça reste assez limité. Il y a un accord entre les agences de tours et les communautés indigènes, pour contenir l'afflut de touristes. Nous sommes en terres Kogi et. D'aillleurs, c'est une sensation bien étrange que de croiser un kogi. Ils baissent les yeux quand on passe et répondent tout bas à nos hola, quand ils répondent. Les femmes ont l'air d'avoir 13 ans et ont déjà 3 ou 4 gamins (en vrai elles ont peut-être 16 ans). Ils portent tous des tenues blanches (enfin, ça tire sur le jaunasse ou le grisatre) et les gamins portent les grands tee-shirts perdus en route par les touristes!

David teste le haussement de sourcils et ça marche, tout le monde lui répond par le même haussement de sourcils et prononce même un « hola » ou un « buenas ».
Au passage on demande au guide pourquoi il n'y a pas beaucoup de faune dans les environs. Et là, la réponse est douloureuse. Il y a peu, la Sierra Nevada était peuplée de singes et autres animaux locaux. Mais les terres étaient aussi utilisées pour des plantations de feuilles de coca. En accord avec le gouvernement colombien, les Etats-Unis ont pulvérisé sur toute la région un produit contenant une espèce de champignon qui tue la coca... et le reste avec. Les singes qui ne sont pas morts ont fuit, les avocatiers et les goyaviers sauvages ont pourri et le trafic de cocaïne est toujours là! C'est beau la vie, non?

Mais nous, on a de la chance, il se met à pleuvoir quelques minutes après notre arrivée au camp 3. Il ne nous reste plus qu'à entamer une méga partie de Yaniv. Le rire est à son comble, je suis la première éliminée, David arrive en demie-finale! Zorro nous sert du popcorn, Johnvani est le grand farceur du groupe et nous fait bien marrer. Une véritable après-midi glandouille, dans un décor d'aventuriers. Et en plus ce soir on dort dans des vrais lits, c'est le luxe.

Le 4ème jour, après avoir longé et traversé la rivière et après avoir vaincu les 1200 marches qui grimpent dans la forêt, nous voici enfin à la Cité Perdue, ou Teyuna de son vrai nom. Il n'y a plus de bâtiments à proprement parler car les Tayronas utilisaient le bois et le palmier pour leurs constructions. Par contre, il reste ces terrasses en pierre et ces escaliers labyrintiques qui parcourent toute la montagne. On suit quelques escaliers et chemins et on arrive en haut,, sur les plus grandes terrasses. Et là, c'est WAOUH! La vue est imprenable, les montagnes couvertes de forêts sont toujours aussi abruptes et surtout... il n'y a personne en vue. La sensation magique d'être seuls dans ce lieu historique, mystique. Il y a bien deux autres groupes sur le site ce jour là, mais on les croisera juste au détour d'un escalier!

Johnvani nous explique toute l'histoire de la Cité Perdue. Il est un très bon guide, aussi bon que son frère et même mieux!
Roni, Danny, Kaitie et Paul, qui sont allés au Machu Pichu nous confirment ce qu'on nous avait dit. Pour eux c'est le pur bonheur de se sentir seul, de ne pas voir les vieux japonais monter en train et photographier tout ce qui bouge. La Cité Perdue, elle se mérite. On sue, on se mouille, on est crados, on se fait bouffer par les moustiques et les tiques, mais on a le plus beau cadeau.
En redescendant, on se refait une partie de Yaniv et cette fois j'arrive en finale face à Danny le pro. On a trois points d'écart, mais finalement il l'emportera.
On a aussi des discussions très interessantes sur Israël et la Palestine et on apprécie d'avoir le point de vue de deux jeunes sur la situation qui ronge leur pays.

Le 5ème jour on retourne au camp 1 La marche s'avère difficile car il faut remonter la sacrée descente du 2ème jour. Le chemin dans le sens inverse est toujours aussi beau, on ne se lasse pas. Le soir Johnavi nous fait gouter un mousseux local à la canne à sucre. Ça ressemble à du Rhum gazeux et sucré, c'est bon, surtout après 5 jours d'abstinance alcoolique! On rigole beaucoup se soir là. Tout le monde se couche mais voudrait bien rester encore dans cette bulle, hors de la civilisation moderne!

Kitakakita
Le 6ème jour nous repartons vers Santa Marta, après une dernière marche et une dernière baignade. Punaise il fait chaud à Santa Marta. La fraîcheur des montagnes le soir après la marche était une « bénédiction »comme ils diraient ici. On reste tous dans le même hôtel, le moins cher de la ville mais bien agréable, et avant de nous séparer, Johnvani, qui nous aime bien, nous propose, à tout le groupe, de venir chez son frère ce soir (sauf Kaitie et Paul qui sont partis vers d'autres horizons).

Il revient nous chercher et on débarque dans ce quartier éloigné du centre ville, aux rues de terre, et où les mômes courrent partout. On s'installe devant la maison et on lui propose d'aller acheter quelques bières. Mais ils avaient déjà prévu et sortent une caisse de bière fraîche. Ça nous gène car on est 6 tout de même, et que c'est nous les « riches » dans l'histoire, à en juger par l'humble maisonnette de Luis. Mais on est encore plus génés quand sa femme arrive avec une assiette de riz-yucca-poisson pour chacun. Une générosité sans limite et une soirée mémorable. Nous sommes rejoins par deux indigènes qui viennent dormir chez Luis. Ils ont la tenue de ville, d'un blanc plus blanc que blanc! On a l'occasion de poser quelques questions à Manuel. Moi je pose des questions aux deux frères, sur les paramilitaires et la guerilla. Encore une fois c'est très interessant, mais assez de sujets sérieux, Johvani nous sort la meilleure blague de l'année, qui n'a fait rire que moi parce que je suis la seule à avoir compris (Merci LEA, merci à ces foutues études de langues!!!). Il faut être hispanophone pour la comprendre, la voici:
Comment dit-on papier Hygiènique en Japonais: KITAKAKITA. Comprenne qui pourra, mais moi je la trouve trop bonne!!!

Allez cette fois c'est bel et bien fini, on dit au revoir à Luis et Johvani.

Mais nous décidons de rester encore quelques jours à Santa Marta, l'ambiance de la ville nous absorbe, avec ses couchers de soleil et ses petits et gros bâteaux, et sa vie colombienne « bien tranquila ».

Le Nord du Sud
Quand nous nous décidons enfin à quitter Santa Marta, nous partons vers le Cabo de la Vela, sur la Péninsule de Guajira. Cette péninsule est le point le plus au nord de l'Amérique du Sud. Mais ce n'est pas la seule particularité. La péninsule est aussi un désert. Un désert de pierre digne du gand sud marocain. Tout y est, les buissons épineux, les chèvres, le soleil, les indiennes qui portent des longues tuniques façon djelabas... seuls quelques cactus chandeliers et la mer bleue qui entoure la péninsule nous tirent de cette impression de Maroc.

Au nord du sud, chez les indiens Wayuu, il n'y a pas d'électricité et le village de Cabo de la Vela étend ses maisonnettes en bambou sur une seule rue de terre sablonneuse. On trouve un « hospedaje » où suspendre nos hamacs. La mer est juste en face et elle est si calme qu'on se croirait au bord d'un lac. C'est calme, c'est beau, c'est chaud, c'est trop surprenant dans un pays où il y a tant de jungle et dont le sud fait partie du bassin de l'Amazone.
Au moment du coucher de soleil, alors que nous nous croyons seuls au monde, nous sommes rattrapés par la réalité latine lorsqu'un gourpe de jeunes vient poser sa voiture à quelques mètres de nous, musique à fond et coffre ouvert bien entendu! On n'y croit pas! Pas ici, pas maintenant, c'est pas possible. Mais si c'est possible, tout est possible en Colombie. Le jeune conducteur de la voiture vient nous faire un brin de causette, tout intrigué par les français que nous sommes. Une nénette nous offre un petit verre de whisky et nous papotons un peu avec Guillermo, dit Luiyi. Leurs amis sont partis acheter une bouteille dans l'une des trois tiendas du village. Mais comme ils sont légèrement en état d'ébriété, la nénette et Luiyi s'inquiètent de ne pas les voir revenir. Nous prenons place à bord de la voiture, musique à fond, et parcourons quelques centaines de mètres dans l'unique rue du village, à la manière des jeunes de Tarascon sur Ariège, un dimanche après midi. Un moment trop improbable dans ce lieu.

Le lendemain, on entame une marche entre les petites montagnes de pierres et on tombe sur un erg. Comme lors de notre passage à Merzouga au Maroc, le sable est orange, ça pète... on est sous le charme! Notre ballade nous mène tout prêt du pain de sucre local, au bord d'une petite plage merveilleuse. Nous squattons l'ombre d'un rocher car il est impossible de repartir sous ce soleil de plomb. Deux argentines nous proposent une noix de coco en guise de repas de midi, notre organisation laisse à désirer, mais notre bonne étoile ne nous oublie pas! Merci les filles!

Au moment où on se décide à repartir, le ciel se teinte d'une couleur bleu-gris-noir, des éclairs fendent les nuages et le tonnerre gronde. Est-ce la tempête du siècle qui va s'abattre sur nos têtes? Le ciel nous fascine mais on craint vraiment un orage en plein désert. Mon papa m'a toujours dit de ne pas me trouver sur une crête de montagne quand il y a un orage... je ne vois pas vraiment de différence avec le désert, où nous serions deux para-tonnerres sur pattes. De l'autre côté, il y a un bel arc en ciel, la colère des dieux restera sur la mer et nous n'aurons même pas une goutte d'eau.

« Chronique d'un trajet franco-colombien »
« Départ pour la frontière venezuelienne à 4h30 » nous dit la patronne de l'hôtel, « c'est mon mari qui conduit ».
04h20 nous nous asseyons devant l'hôtel.
05h00, un petit monsieur, le mari de la patronne, sort de l'hôtel et nous demande :
Le Monsieur: – vous êtes dehors par ce que vous avez trop chaud?
Nous: - Mais non monsieur, on est là parce que qu'on nous a dit qu'on partait à 04h30!
Le Monsieur: - Ah bon!!!!
05h15, départ, nous prenons place à l'avant du pick-up, à côté du petit monsieur.
05h30, le petit monsieur sort une bouteille en plastique et verse un peu du contenu dans une corne de chèvre. Une forte odeur d'alcool à bruler envahie l'habitacle. Il me regarde et tend la corne de chèvre. « Non merci monsieur! ». Il la tend à David... impossible de refuser, moi j'ai juste eu l'avantage d'être une fille!!! « C'est de l'alcool de contrebande local » nous dit-il... Je réprime une forte envie de rire aux éclats. David avale le breuvage à contre coeur, désolé de ne pas avoir pu avaler un petit déjeuner avant. Le petit monsieur fait de même.
05h45, on dépose le premier passager qui était à l'arrière du pick-up. Le petit monsieur sort sa corne de chèvre, la rempli et la tend à David. Deuxième gorgée à contre coeur, mais ça fait tellement plaisir au petit monsieur...
06h00, cette fois David refuse, ça passe trop mal à jeun et surtout ce n'est vraiment pas un bon alcool. Mais ça ne dérange pas le petit monsieur de s'en remettre un dans le gosier.
06h30, oubliée la corne de chèvre, on boit directement à la bouteille...
10h00, le petit monsieur nous dépose dans la ville frontalière, on est arrivés vivants!


Retour au Venezuela
On embarque dans un taxi collectif après avoir négocié un prix spécial « tu nous la fais pas à nous », que même les vieilles colombiennes qui partageaient notre taxi n'ont pas obtenu!
Direction Maracaibo. Il y a deux ans nous n'avions pas eu le temps de visiter l'ouest du pays... un petit crochet par le Venezuela s'imposait donc. Peut-être reverra t-on François et Norris, nos amis franco-venezueliens rencontrés sur un plage de San Juan de las Galdonas... On espère!!!
Le Chapitre 2 de la Colombie sera écrit en juin, voilà pourquoi, contrairement à d'habitude, le chapitre 1 est écrit au présent.... la colombie c'est pas fini, ça commence juste!

dimanche 9 mai 2010

Chuleta!


AAHHH le Panama... son canal, ses chapeaux...
la liste de ce que l'on peut rajouter est longue: ses bigoudis, ses Ngobé-Gublés, ses Kunas, ses Emberas, ses cargos, ses pirogues, ses cahutes, ses grattes-ciels, ses chuletas... Le Panama est un pays surprenant.
Après 6 mois d'Amérique Centrale, les pays traversés commençaient à se ressembler. Tous différents mais tous avec de nombreux points communs. On pensait qu'il en serait de même avec le Panama et avant même d'y avoir mis les pieds, on rêvait plutôt de la Colombie, de l'Amérique du Sud, surtout après la lecture des aventures de nos compañeros Julia et Mathieu...
Et bien quelle surprise!

A la Frontière...
Encore un passage en douceur, hormis la traversée du pont qui relie les deux pays. Un pont qui pourrait aisément recevoir la palme du « pire pont », rouillé, avec des trous énornes par lesquels tu ne peux que trop bien voir l'eau qui coule en dessous, et surtout, des camions énormes surchargés de bananes costaricaines, qui font tout trembler au passage Et là, tu commences à implorer tous les dieux de toutes les religions (on sait jamais, y'en a peut-être un qui va marcher), pour arriver entier de l'autre côté. Pire que le vieux pont d'El Palmar Viejo au Guate... sur celui la au moins y'avait que des pépés chargés de tronc d'arbres! Ici, rouille, trous et camions, ça fait peur!
Côté Panama, oh! une indienne en robe rose..... ah punaise, elles nous manquaient les indiennes, on n'en avait pas vu depuis le Guate!

Bocas del Toro
Direction les îles de Bocas del Toro, après avoir négocié ferme un trajet en bus de touristes. Le conducteur nous a discrètement demandé de ne pas payer devant les deux pigeons canadiens qui ont payé 10$ chacun alors que nous on a payé 10$ pour deux!
Direction Bocas donc... avant même de monter sur le bateau qui nous a emmené sur la première île, retrouvailles avec le côté déglingue et plus pauvre d'Amérique Centrale. Des maisons sur pilotis toutes de travers, des ordures, des enfants dans des pirogues...
Et nous y voilà enfin. Bocas town, une ville très jolie avec ses maisons en bois, mais très (trop) gringo.
Notre but était d'aller sur l'île de Bastimentos, plus tranquille paraît-il. La côte Caraïbes ayant un fort taux de précipitations annuel, surtout à l'approche de la saison des pluies, on a retardé notre départ pour Bastimentos et c'est finalement sous un beau ciel bleu et que nous avons profité de la journée sur Bocas. Faut dire, que même farcie de gringos, l'hôtel était quand même très chouette, avec la terrasse sur l'eau, le corail qui poussait sur les pilotis et on pouvait observer les poissons sans même mettre la tête sous l'eau, une Balboa à la main!

Mais c'est en arrivant à Bastimentos que nous avons pris toute la mesure du paradis dans lequel nous étions. Pas de voiture, plein de mômes partout, des parties acharnées de billes, des grosses blacks qui rigolent avec leurs bigoudis sur la tête, des maisons en bois toutes pourries mais très jolies, la bière pas chère,  des petits indiens très souriants, quelques touristes mais pas trop et, zéro gringos...
Entre deux averses,  pour aller à la plage, de l'autre côté de l'île, on se prenait pour des « survivors » de kho-lanta dans la boue. 

Ouais, à Bastimentos y'a tellement peu de touristes que les chemins, ils sont pas fait pour les petits joueurs... tu la mérites la playa! Au passage, minuscules grenouilles « tigrou », oranges avec des petites tâches noires...

On y serait bien resté des années à Bastimentos, on avait tout ce qu'il fallait: hôtel pas cher avec internet illimité et terrasse quasi privée, cuisine, « chinita » qui tenait l'épicerie du bled avec l'essentiel pour cuisiner routard...  la vie, la vrai! Mais il paraît que toutes les meilleures choses ont une fin (il est où celui qui a dit ça? Que je lui casse la tête!!!!!)

Boquete via David
La 2ème ville du pays s'appelle David! Je me souviens avoir longuement observé la carte du monde, qui était bien placée dans notre ancien appart, et m'être dit que pendant notre voyage, on devait au moins aller à jusqu'à David! Et nous y sommes passés. En coup de vent mais quand même!
Sur la route, on a eu tout le temps de découvrir les indiennes Ngobé-Buglé, avec leurs longues robes colorées. Certaines tenues peuvent être très élégantes, mais là, on doit dire que ça fait assez sac à patate criard. Mais peu importe, elles sont belles quand même les indiennes et sourtout, elles sont moins farouches qu'au Guate. Comme quoi l'occidentalisation n'a pas encore contaminé toutes les femmes.

Nous avons attérit à Boquete, le paradis des retraités américains. Climat idéal, pas de chaleur étouffante, coût de la vie relativement faible... Et pour dire, même notre hôtel ressemblait à une maison de retraite!
Mais si la ville de Boquete n'a rien d'exceptionnel, le parc naturel qui se situe tout près, lui, possède un véritable trésors: le quetzal. Le Quetzal est l'oiseau emblématique d'Amérique Centrale en général et du Guatemala en particulier. Nous avons entrepris une ballade sur le sentier dit « des quetzals ». On rêvait d'en voir depuis le début, mais ce drôle d'oiseau se fait de plus en plus rare  dans la région et ne vit que dans les forêts nuageuses d'altitude. Nous avons donc entamé le sentier, en scrutant chaque arbre et en écoutant chaque bruit. Enfin, c'est difficile quand on ne sait pas à quoi ressemble le chant du quetzal! Mais avec un brin de patience et l'ouïe fine, on a fini par en voir un... c'est David qui l'a vu le premier. Avant de partir, j'avais dit, « si je vois un quetzal je pleure! »... je n'ai pas pleuré, mais j'avais les larmes aux yeux tellement j'étais heureuse de voir cet oiseau magnifique et fascinant.

On est resté là l'air béat jusqu'à ce qu'il s'envole........ le reste de la ballade était fort sympathique! Deux petites Ngobé-Buglés, sont venues nous tenir compagnie pendant que nous attendions le bus. Elles étaient si mignonnes et souriantes, on les faisait rire... c'était Marta et Martina! 



Chuleta!
Après Boquete, nous sommes redescendus vers le pacifique sur la péninsule d'Azuero. 1ère étape Chitré. Rien de particulier si ce n'est la chaleur accablante qui te cloue à l'ombre de l'hôtel et les coupures d'eau pendant 24 heures car les réserves sont trop basses... après toute la pluie de la côte Caraïbes, difficile de croire qu'ici, à tout juste 100km à vol d'oiseau, il n'a plut que 2 fois en 4 mois! Bref, pas terrible les coupures d'eau quand tu sues comme un gros dégueulasse toute la journée! Heureusement Mike, notre hôte américain (oui mais lui on l'aime bien!) nous avait gardé un seau d'eau pour se faire un brin de toilette.
Visite du minuscule village de Parita, où le samedi c'est bigoudis! Toutes les bonnes femmes de ce village se trimballent avec des énormes rouleaux sur la tête, c'est à voir!

Puis, visite de la petite et charmante ville Villa de las Santos. On n'a même pas eu le temps d'atteindre la moitié de la rue que, Chuleta!, on se faisait alpaguer par un petit bonhomme. Vous avez rencontré un bavard dans votre vie? Et bien croyez nous, ce n'est rien comparé à Ivan! Prenez ma mère (surnommée Radio M par David!), ma cousine Marie, ma belle soeur Nathalie, ma Karelle et moi même... enfin, toutes les filles réunies, et bien vous êtes loin du compte. Ivan a un débit mots/minutes impressionnant.
Il a commencé par nous offrir un cafecito, que l'on a poliment accepté, et a commencé à nous raconter sa vie. Il nous a fait une démonstration de toupie (il est très fort) et nous a montré son jardin, ses plantations de fruitiers et de plantes arômatiques, puis on a décidé que c'est à lui que devait revenir les graines de radis que Jacques nous avait donné pour qu'on les replante quelque part en Amérique Latine. 

Alors on est allé chercher les graines et on est revenu chez Ivan, plus tard dans la journée. Il nous attendait de pied ferme et nous avait préparé une citronade délicieuse et des mangues toutes fraîche qu'il avait ramasé. On a bien aimé s'installer sur une chaise dans la rue devant la maison, comme des vrais locaux, à regarder les gens passer et à saluer tout le monde!

Comme le village nous plaisait bien, on s'est installés dans un hôtel (ouvert que pour nous!). Une belle maison coloniale bien bordélique avec un lit king size dans lequel on pouvait se perdre!
Ivan nous a emmené en ballade et, Chuleta!, c'était cool. Il nous a montré ses meilleurs coins de cueillette, on est reparti avec un gros sac de mangues et des ciruelas.
On a même trouvé des bouts de poteries pré-colombiennes, mais ça ne lui a fait ni chaud ni froid, car apparement il y avait de vrais trésors et tout ce qui reste ne vaut pas grand chose. Enfin quand même, des bouts de poterie pré-colombiennes, ça fait quelques chose de les ramasser dans la terre!
Après être passés sous ou sur des dizaines de clôtures en barbelés, on a eu droit à la meilleure citronade du monde, avec du « miel » de sucre de canne.
Ivan a mis les petits plats dans les grands pour nous et il nous a même invité à dormir chez lui. On a décliné son offre, car avec tout son blabla l'hôtel restait une échapatoire pour un peu de calme! On a juste accepté son invitation a dîner, avec mise en scène spéciale pour une série de photos souvenirs. Ivan, du haut de ses 63 ans, bientôt 64, nous a aussi préparé de la pulpe de tamarindo avec du miel de canne à sucre, le tout passé au four. Il en avait fait pour qu'on ramène en France à nos familles... mais il ne nous connait pas Ivan, encore 4 mois de voyage avec un tel délice dans le sac... d'ailleurs, on a déjà tout manger!

Ivan est un sacré numéro, il est inoubliable, Chuleta! Je pourrais écrire un blog spécial Ivan.
Vous vous demandez peut être pourquoi je place des Chuletas dans mon texte... Chuleta est l'expression d'Ivan. Au début on ne comprenait pas pourquoi il disait Chuleta à tout va. Il nous a fallu un petit moment pour comprendre qu'il n'employait pas « chuleta » au sens propre du terme (cotelette de porc), mais plutôt comme nous nous dirions « putain ». Et en fait, c'est une expression souvent utilisée au Panama.

El Valle, rencontre avec Rocky Balboa
Pour échapper à la chaleur étouffante de la côte, nous avons pris la route d'El Valle de Anton, un bled à la Boquete mais en mieux. Le village est situé dans le cratère d'un ancien volcan et il y a moins de retraités gringos. Le cadre est splendide et il faisait moins chaud.
Mais, malheur, David a subit une attaque de petites bêtes non identifiées. Il a été pris de fortes démangeaisons et a passé la nuit sur le rocking chair dehors, sans fermer l'oeil, alors que moi, je suis restée dans le lit sans écoper de la moindre piqûre, la vie est injuste! Au petit matin, il est venu en me disant de ne pas avoir peur..... il s'était transformé en Rocky! La paupière énorme, tombante au dessus de l'oeil... aïe! Il ne m'a pas crié «Adrieeeenne », mais franchement, la couleur en moins, c'était ça! Il avait l'oeil, la main, le bras... gonflés.
Moi je dis que c'est normal ce genre de chose, dans un pays où la monnaie nationale et la bière s'appellent Balboa!

Lors d'une sympathique ballade, nous avons grimpé en haut de l'indienne endormie, une montagne qui au loin, ressemble à... vous savez quoi! En route, oh, un collier... ah non tiens, c'est un serpent! Un beau serpent rouge, noir, jaune, rouge, noir, jaune... enfin le genre de bébête qu'on préfère voir morte sans tête (c'était le cas). Paraît que dès que ça a du rouge, c'est pas mignon tout plein et que ça t'envoie vérifier si le paradis existe!

Pour se remettre de tout ça, pause détente aux sources chaudes, avec masque de boue... bin oui, le volcan éteint depuis des milliers d'années chauffe toujours sous terre!

La capitale
Chuleta, quelle ville! D'abord, juste avant d'arriver, on est passés sur le pont qui enjambe le canal le plus célèbre de la planète. Et non chers toulousains, ce n'est pas le canal du midi, qui est vraiment rikiki à côté du géant de Panama. C'est grand, c'est grand!
Juste après le pont, c'est la jungle urbaine. Pas jolie jolie l'arrivée, au milieu des immeubles gris et prêts à s'écrouler.

Mais en continuant un peu, la ville est fascinante. Les vieilles demeures coloniales du Casco Viejo (le quartier colonial) font face, de l'autre côté de la baie, aux grattes-ciel qui pourraient rivaliser avec Manathan ou Hong Kong.
Nous nous installons dans un petit hôtel du Casco Viejo. A l'intérieur même de ce quartier il y a d'énormes contrastes. La plupart des maisons sont en ruines, presque effondrées, et juste à côté il y a les grandes demeures restaurées, comme le palais présidentiel ou l'Ambassade de France! Pas dégueulasse du tout l'ambassade de France d'ailleurs, bien installée sur la Plaza de Francia où trône un beau Coq en hommage à tous ces français morts lors de la construction du canal, face au Pacifique...

C'était vraiment génial de flâner dans ce quartier. On a adoré. Je pense qu'on aurait encore plus aimé si le deuxième jour on avait pu sortir plus de 10 minutes sans que le déluge s'abatte sur nos têtes. Mais de quoi nous plaignons nous, n'a t-on pas trouvé un guide de la Colombie, gratos en plus? Et l'ayudante de bus qui a oublié de nous faire payer les 14 balboas qu'on lui devait... non vraiment, on ne peut pas se plaindre de la pluie. Et puis, Panama City, c'est beau même sous le déluge!

Bienvenus chez les Schtroumpfs
Comme on manquait d'aventures... ça faisait quand même longtemps qu'on n'était pas sortis des sentiers battus, on a décider de partir en expédition chez les indiens Emberas de la région du Darien. Vous savez cette région frontalière entre le Panama et la Colombie, là où s'arrête l'Interamericana, qui n'est que jungle et danger, cette région fortement déconseillée pour raison de sécurité, car là apparemment, on peut croiser des guerrilleros ambusqués derrière un arbre, ou un méchant narco-trafiquant qui n'a pas vraiment envie de tomber nez à nez avec un touriste (ou peut-être est-ce le touriste qui n'a pas envie de tomber sur le trafiquant...) enfin bref... dans le Darien, il y a encore beaucoup d'indigènes, et nous on avait envie d'y aller. Mais comme on n'est pas totalement inconscients, on a trouvé un compromis, on s'arrête avant, dans la communauté d'Ipeti Embera, un village où les gens ont un peu l'habitude de voir du monde, mais pas trop.

Alors on a pris le bus, on a marché et on est arrivés. Dès les premiers pas dans le village on a adoré. Les gens tout sourire, les enfants n'en parlons pas, les maisons sur pilotis sans murs, les toits de palmes... ça dépayse!
On s'est approché de la première tienda pour demander si c'était possible de dormir dans le village. « Mais bien sûr » nous ont répondu des bonnes femmes, mais il faut demander au président du Comité du tourisme et vous pourrez dormir dans la Casa Cultural.

Une dame, Nofelina nous propose de venir manger chez elle en attendant l'arrivée du président, qui est aux champs. Son mari Willio nous accueille vautré dans son hamac. On visite la maison, c'est rapide, y'a qu'une pièce et pas de murs! Comme ça tu peux même visiter la maison des voisins sans y être invité! Non là j'exagère un peu parce que les maisons ne sont pas collées!! Nofe et Willio ont 4 enfants, tous adorables. Après le repas, Nofe et sa plus grande fille nous ont offert un collier de perles et de graines à chacun, puis on est allé faire trempette dans la rivière.

Le président nous dit qu'on peut accrocher nos hamacs moyennant 5 balboas par personne et manger chez une famille pour 2 par personne. C'est vraiment cool!

Alors on s'installe, on accroche nos hamacs de voyage, qu'on se traîne dans le sac depuis le début.
Puis l'infirmière du village nous fait un « jagua » traditionnel Embera. C'est une tradition pour eux de se peindre carrément tout le corps lors de fêtes et de cérémonies. C'est un tatouage qui ne reste que 7 ou 8 jours je vous rassure! 

Sur les marches de notre Casa Culural, la salle des fêtes en gros, située au milieu du village, on voit quelques spécimens passer... des femmes qui se promènent les seins à l'air, avec une jupe pour seul vêtement, des femmes et des enfants peinturlurés de la tête aux pieds... il ne manque que les hommes en slips traditionnels!
Y'a des gosses partout qui courent en culotte, même sous la pluie, tout le village est leur terrain de jeux, la rivière leur piscine... tous passent nous voir, timidement. Ils sont beaux et respirent la santé.

Tecairo, le président du tourisme, nous parle de la communauté, de leurs problèmes vis à vis du gouvernement. Et puis, comme tout peuple indigène qui se respecte, le gouvernement a fait des promesses en 1975, après les avoir virés de leurs terres fertiles pour construire un barrage hydro-électrique, et depuis, ne leur a jamais donné les titres de propriété des nouvelles terres... et les Emberas d'Ipeti ne sont pas à l'abris de se faire virer une nouvelle fois s'ils n'ont pas ces titres. Vous savez quel est le comble de l'Embera viré de ses terres pour un barrage hydro-électrique? Le village n'a pas l'électricité!!! ahahah!
C'est ballot non? y'a des fois on voudrait bien leur botter le cul aux politiciens qui font des promesses!

Tecairo nous parle aussi des enfants qui vont au collège à Torti, un bled situé à 12km d'Ipeti Embera. Et de comment les mômes doivent marcher 2km le matin, attendre le bus qui vient de Panama à 6 heures, qui un coup sur deux ne veut pas les prendre car il est complet ou que les élèves ça ne rapporte pas assez, l'arrivée en retard à l'école, le problème du retour et les 2 km à pied pour rentrer... surtout quand on sait comment il peut pleuvoir ou faire chaud... Ah nous on dit, vive le transport scolaire...

Bonne nuit dans nos hamacs, avec les bruits de la nature... bon ok les vaches qui se prennent pour des singes hurleurs ou des éléphants à 4 ou 5 heures du matin c'est pas génial, mais bon... on croyait que la nuit dans le hamac serait pire!

Ils s'étaient bien gardés de nous dire que leurs « tatouages » détaignent. Nous voilà avec des motifs sur les deux bras, et sur tous les endroits du corps où on a eu le malheur de poser le poignet pendant la nuit... On a l'air fin!
Bienvenue chez les Schtroumpfs. D'ailleurs nous n'avons pas eu l'occasion de rencontrer le Noko, le grand Schtroumpf Embera, mais  on a eu l'honneur de rencontrer l'élite du village qui nous a expliqué tout le fonctionneent de la communauté. Une autre Schtroumpfette a cuisiné pour nous, autre maison sans mur, autre famille, autre bon moment.

Le Darien

On a tenté de s'enfoncer un peu plus dans le Darien. Pas vraiment facile de partir à l'aventure vue la région; ça coute très cher de l'explorer et c'est quasi impossible de le faire sans guide. Alors on s'est contenté d'avancer jusqu'à la Palma, la plus grande ville de la région. Ça n'a rien d'une ville, c'est petit et c'est sympathique si on oublie les ordures qui flottaient dans l'eau et que les WC de l'hôtel (qui est sur pilotis), se déversaient directement en dessous, dans l'eau du fleuve. Mais à part ça, c'était cool.
On est partis à la recherche d'internet car j'étais en retard pour le boulot: le type de l'hôtel nous a dit qu'il n'y avait pas internet. Mais en passant devant la mairie, David m'a dit qu'on pouvait toujours demander... et miracle, les fonctionnaires (pas très actifs!) de la mairie, se sont fait un plaisir de nous prêter un ordi avec wi-fi.

Retour à Ipeti
Après la Palma, nous avons refait une halte d'une nuit à Ipeti, chez nos amis les Emberas. Fallait quand même qu'on les aimes pour se refaire les 2km sous un soleil de plomb, avec nos sacs lourds!
On est arrivés en pleine réunion de village. On pouvait entendre des bribes comme « ils veulent nous diviser », « il faut rester unis », « les commerçants doivent payer des impôts »... on s'est fait discrets et on est allé poser les sacs dans la Casa Cultural... on a fait comme chez nous quoi! Cette fois-ci c'est la femme de Tecairo qui nous a fait à manger. 10 enfants qu'elle a eu la madame, 10!  Pas étonnant qu'elle paraissent choquée quand on lui répond que nous, on en a pas, « pas encore »!

Alors que nous étions en train de déguster notre riz (cultivé sur place) et notre poisson (pêché dans la rivière où on se baigne, lave et où on fait la lessive!) on a entendu une toute petite voix derrière nous qui disait « Dabid ? ». Et là, on a vu Yaki, la dernière de Nofe, qui lance un petit sourire avant de s'enfuir toute timide! Il n'était pas peu fier le « Dabid » que la petite se souvienne de son prénom! Evidemment, moi personne ne se rappelle du mien car personne ne sait le dire, c'est toujours la même histoire:
-        Comment tu t'appelles?
-        David.
-        Et toi comment tu t'appelles?
-        Chloé.
-        COMO??????????? (les yeux s'écarquillent!)
-        C.L.O.E
-        Louis?
-        NON CHLOE!!!

et j'exagère même pas! On m'a même dit que c'était un prénom de garçon.

Quelques villageois sont venus nous serrer la main, nous demander si c'était bien le Darien... Vraiment adorables, tous.
David s'est improvisée infirmier parce qu'un gars s'était coupé profondément les doigts et que la Schtroumpfette  infirmière tardait à venir et ne parlons même pas du médecin qui est à Torti...
Et tout d'un coup, on entend « Cloué »! et oui.... c'est à moi qu'on s'adresse... j'en crois pas mais oreilles! Les filles de Tecairo ont retenu mon prénom et m'appellent même « clou-clou »!

Le soir, autour d'un énorme plat de riz, Tecairo nous pose plein de questions sur la France et nous demande si on a des indiens en France. C'est la première fois qu'on nous demande ça! Et nous de lui expliquer que non, pas d'indiens comme ici!

Au revoir les Embera, et Merci pour votre accueil inoubliable!

Vers la Colombie
Dans ce monde où  on va sur la lune, où il ne faut que 11 heures d'avion pour traverser l'Atlantique, où les transports sont de plus en plus rapides... nous pouvons encore être surpris. La route panaméricaine qui relie l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud, en passant par l'Amérique Centrale et qui traverse tant de pays, s'interrompt brusquement dans le village de Yaviza, dans le Darien, pour ne reprendre qu'à environ 150 km de l'autre côté de la frontière en Colombie. L'espace vierge de route, est communément appelé le « Darien's gap ». C'est une espèce de No Man's Land couvert de jungle où règne la loi de la... jungle, c'est le cas de la dire. La région du Darien étant si « dangereuse », la route n'a jamais été terminée malgré les pressions des grands groupes internationaux qui gagnerait beaucoup à ce que la Panaméricaine soit achevée.
Oublié donc le passage de la frontière de façon traditionnelle (en bus). Il existe bien entendu d'autres solutions:
·         solution n°1: l'avion à 150$ (pas cher, rapide, mais trop facile)
·         solution n°2: la croisière en voilier à 400$ (confortable, 5 ou 6 jours, mais trop cher et pas assez aventure)
·         solution n°3: la croisière en bateau mini-cargo de livraison sur les îles San Blas (pourquoi pas mais on n'a pas trop d'informations, coût 50 à 60$, durée 5 jours)
·         solution n°4: on va sur les îles San Blas et on verra bien, on finira bien par arriver en Colombie (coût inconnu, durée inconnue)

Allez, après un temps d'hésitation, mais avec quelques renseignements fournis par Ludivine et Laurent, on se dirige vers les îles San Blas et on verra sur place entre la Solution 3 et 4.

Croisière chez les Kunas version David et Chloé
Pour atteindre l'archipel, le guide parlait d'une piste « où même un tank germanique aurait du mal à passer ».
Nous avons quand même pris le risque de nous poster au croisement de la piste et de faire du stop. Vu l'état de la route, on pensait devoir attendre des heures avant de trouver une voiture assez folle pour s'y embarquer. 10 minutes d'attente et oh miracle, une voiture! Michel, un Venezuelien installé à Panama, et ses trois fils se dirigaient aussi vers les San Blas et nous ont offert de nous tasser à l'arrière de leur voiture avec nos sacs. Super!

Nous voici en pays Kuna. Une autre population indigène panaméenne.
Direction l'île de Carti Suitupo, point de départ ou de passage de quelques bâteaux en direction de la Colombie.
L'archipel de San Blas se compose de plus de 350 îles ou îlots, bien souvent minuscules, couverts de maisons en bambous et toits de palmes, ou sauvages et justes recouvertes de cocotiers, dans une eau bleue turquoise. Autant dire, un coin de paradis où les Kunas régnent en maîtres avec un statut d'autonomie qui fait qu'il n'y a ni les flics ni l'armée. Ici le grand Schtroumpf de chaque communauté s'apelle le Saila et il représente l'autorité spirituelle.

En arrivant sur Cati Suitupo, on s'est renseigné sur les mini-cargots, mais personne ne savait quand il en passerait un. Et 5 minutes après notre arrivée, une petite lancha (barque) s'est amarrée au quai et le type nous dit qu'il allait  à Puerto Obaldia, le dernier village avant la frontière. Il nous a proposé de nous embarquer moyennant 100$ par personne. Dis donc petit Kuna, ça fait bien cher pour ta petite barque!
Mais un « homme d'affaire » (le gérant d'un petit hôtel) a négocié avec nous et a fait baisser le prix à 60$. Là ça nous interessait plus. Départ à 13heures, juste le temps de manger, c'était parfait.
Mais qui dit lancha, dit solution n°4, c'est à dire que la durée du voyage restait un facteur inconnu, la frontière étant située à une centaine de kilomètres, mais le moteur de lancha... est un moteur de lancha, donc pas rapide. Il nous annonce le programme: 1er soir dodo sur Isla Tigre (ça tombe bien, on voulait y aller) et puis ensuite, Puerto Obaldia.

C'est parti mon kiki. La pause sur une île de rêve, sable blanc, eau turquoise et cocotiers était fantastique. Un petit peu avant d'arriver sur Isla Tigre, Filencio, le capitaine nous dit: ce soir on dort sur Isla Tigre, demain on dort dans mon village à Carreto et après demain on arrive à Puerto Obaldia. Ah bon? Une étape dans ton Village? Mais tu nous l'avait pas dit ça... et on peut y dormir au moins dans ton village? (on n'a même pas posé la question, on allait bien voir demain!).

Contrairement aux Emberas, les Kunas ne sont pas très ouverts, je dirais même plus, ils ne sont pas ouverts du tout. Accroches-toi avant d'avoir un bonjour et un sourire. Heureusement les enfants d'Isla Tigre ont été bien dressés à l'école et tous te disent Hola, mais les adultes, c'est une autre histoire. Il paraît que le Saila interdit aux femmes de parler avec une personne non Kuna. Et il est interdit de prendre un Kuna en photo (bon si tu lâches 1$ ça devient négociable!) Leur village était très joli, des petites ruelles de sable toute bien arrangées, sans ordures... Mais oui tiens, où sont-elles les ordures, Suis-je bête? Elles sont dans la mer of course!


Les Femmes Kunas sont des professionnelles de la couture et confectionnent des « molas ». Des tissus cousus entre eux qui représentent des formes très jolies. Je trouve que c'est l'un des plus beaux artisanats d'Amérique Centrale. Les femmes le portent cousu sur leur sorte de tee-shirt. D'ailleurs les tenues traditionnelles des femmes Kunas sont les très belles, très colorées, et elles portent aussi beaucoup de perles aux chevilles et mollets et aux poignets. Elles ont les cheveux courts, et sont souvent belles (enfin pas du goût de David). Evidemment la seule Kuna qu'on a pu prendre en photo de près parce que je lui ai acheté des molas, est la moins jolie que l'on ai vue! D'ailleurs vous pouvez voir une Kuna  presque sourire!!!!

Le lendemain on a retrouvé Filencio à 6heures du mat. C'est une longue journée de bâteau qui nous attendait. Un voyage 9 heures de barque jusqu'à Carreto il avait dit... ça sera 11h30 -les pauses = 10heures sdans la lancha.
Ça fait mal aux fesses 10h de lancha. La planche en bois a presque fini incrustée dans nos postérieurs. Mais quel voyage! Naviguer entre les îles, suivre la côte sauvage, voir le ciel orageux au loin et se dire « chuleta on a de la chance la pluie est au large! », puis « Chuleta on a de la chance la pluie est sur la côte », puis « Chuleta, on ne pouvait pas y échapper, maintenant on est en plein dedans! ».
Et enfin nous sommes arrivés à Carreto. Un tout petit village Kuna sur la côte, coupé du monde, entouré de mer, de forêt et de montagnes.Dès que la lancha s'est approchée du rivage, quelques habitants sont venus accueillir Filencio et son fils et aider à décharger le matériel qu'il tranportait (panneaux solaire et batteries), et ils ont vu deux touristes, pas prévus! Mais ces Kunas là, ont été souriants. Au moment même où nous avons posé les pieds sur la plage de Carreto, nous ne savions toujours pas où nous allions dormir, car on se doutait bien que c'était pas le genre de village où il y avait un hôtel. Filencio nous a alors dit qu'on allait dormir chez lui. Deux mômes nous y ont conduit et on a été accueilli par sa femme, Ildaura, qui a dérogé à la règle et nous a timidement parlé et offert un chocolat chaud. Ah que c'était bon après la  lancha et la pluie!

Filencio nous a indiqué un l'endroit où accrocher nos hamacs et nous a offert à manger (bananes plantains bouillies et poisson bouilli). Nous avons un peu discuté avec l'instit du village, une Kuna « rebelle » qui parle aux étrangers et ne porte pas la tenue traditionnelle, elle parle Espagnol, ça aide, la majorité des Kunas ne le parle pas. Pendant ce temps, à la lueur d'une petite lampe, Ildaura cousait un mola. Ildaura nous a aussi servi une mixture chaude et sucrée avant de dormir.
Dans l'obscurité, l'instit nous a améné voir des danseurs et musiciens Kunas qui répétaient leur danse en s'amusant. Il paraît qu'il y a des concours entre communautés. Mais les hommes qui tenaient une réunion « sérieuse » leurs ont demandé d'arrêter. C'était court mais génial de voir ça, presque incognitos puisque pas d'électricité. Vous avez demandé une soirée typique? Vous êtes servis!

Puis dernier bout de mer, spectaculaire, départ à 6 heures du mat et incroyable lever de soleil sur la mer. On se serait cru dans un dessin et sur une mer aussi fausse que celle de Felini dans « E la nave va ».
Et nous avons atteint le but de ces 3 jours en lancha, Puerto Obaldia. Attendez, et là vous croyez que ça y est... mais non, c'est pas fini, Puerto c'était juste une étape de plus avant la Colombie. L'étape où on fait tamponner son passeport par le service de « migracion » et où le douanier te demande où tu vas regarder le mondial de foot! Après il faut encore attendre une lancha pour aller en Colombie. Et ici y'a pas d'heure pour les lanchas, on te dit « ahorrita », le mot favori des latinos, qui veut soit dire « tout de suite » (au sens propre du terme) soit « tout à l'heure » soit « demain »... à vous de vous débrouiller!

La lancha on l'a attendue et elle est arrivée ahorrita, après 6 heures seulement d'attente! On a embarqué et on est en Colombie... Yeah! Adios l'Amérique Centrale, Bonjour l'Amérique du Sud... la suite au prochain numéro.