lundi 23 août 2010

Siga no mas... Ya Ya!

A la frontière...


Encore un pont, mais cette fois il est entouré de jolies montagnes. Tout se passe dans la joie et la bonne humeur avec Lisa et Samy. Une petite photo pour immortaliser le moment.

C'est parti
Notre première étape équatorienne: San Gabriel, un village paisible proche de la frontière, mais suffisamment éloigné pour que la mauvaise ambiance qui règne aux frontières traversées par la panaméricaine ne vienne pas ternir notre premier contact avec l'Equateur.

On trouve de quoi dormir dans un « residencial » à 5$ ... 5$ pour deux... et c'est même pas crado et y'a la télé cablée... le luxe! Depuis le Guatemala on n'avait pas eu d'hôtel aussi peu cher!

Alors que nous entamions notre ballade vers une cascade, un type nous embarque à l'arrière de son camion benne pour nous y conduire. On ne refuse pas la proposition, même pour 3 petits kilomètres! Il fait même un détour pour nous y laisser, c'est gentil!

On s'imprègne de l'atmosphère locale en se plongeant au coeur de la fête en l'honneur de la Virgen de je ne sais quoi, Ste Patronne de la ville. Au son d'une fanfarre, (bien cachée derrière des voitures et des bus), la parade costumée traverse la ville. Les musiciens ont l'air aussi heureux que des dépressifs au bord du suicide, mais le public a l'air content. Le club des cantoniers, une bande de joyeux lurons, sert des petits verres d'aguardiente au public. L'aguardiente est un alcool maison généralement mauvais et fort, mais qui a l'énorme avantage d'être très peu cher. Tout le monde y goûte, sauf peut-être les gamins!

Les petits papis en ponchos et les petites indiennes à chapeaux s'éclatent... nous aussi. Nous sommes les seuls touristes, nous sommes privilégiés. Soudain, mon regard se porte vers un groupe de nanas qui mangent quelque chose... Mais Mais MAIS... Mais triple chuletas... se sont des chocobananos... Mille milliards de mille sabords... le vocabulaire du Capitaine Haddock n'y suffirait pas pour exprimer ma stupéfaction! Des chocobananos... on en avait fait le deuil depuis le Nicaragua (où ils étaient déjà rares), au mois de mars!

Plus tard dans la soirée, feu d'artifice. Et pour notre plus grand plaisir, nous avons eu droit à la vaca loca! La vaca loca c'est comme au Guatemala, un truc pour les fêlés du ciboulot! Un type avec un structure sur le dos, de laquelle partent des feux d'artifices, et qui court dans tous les sens au milieu de la foule.

Oh que oui, ce pays va nous plaire, on y retrouve tout ce qui faisait le charme du Guatemala...



Autour de l'Imbabura
De San Gabriel, toujours en compagnie de Lisa et Bob, nous faisons une halte à Ibarra. Je précise que désormais Samy sera appelé Bob, car, quand il marche devant nous avec son sac à dos, il disparaît derrière l'énorme sac recouvert de sa housse jaune, et ressemble étrangement à Bob l'Eponge!

Le but de notre halte à Ibarra est d'emprunter l'autoferro, un bus monté sur des rails qui parcourt une trentaine de kilomètres à travers des paysages andins fabuleux. La ville n'est pas fabuleuse, mais a son charme, il y a plein d'indiens qui parlent quechua et qui portent des chapeaux étranges.

A Ibarra nous n'échappons pas à la tradition qui nous poursuit quand nous nous asseyons tous les 4 sur le parc central d'une ville: un paumé vient nous taper la causette. Le dernier en date, Jean-Claude Van Damme en Colombie, nous avait fait une belle démo de sa super puissance à la roulade, cette fois, nous récoltons Célimo (je crois!).

Célimo est un colombien exilé en Equateur, tout juste sorti de 8 jours de prison pour alcoolémie excessive, et qui pour gagner sa croute fabrique des petits casses-têtes avec du fil de fer. Dès qu'il nous voit il nous aime... il se met à nous raconter sa vie et à larmoyer quand il évoque les paramilitaires colombiens qui le persécutent dans son pays, sa famille restée là-bas, son neveux décédé bien trop jeune et ses chiens enlevés par la police... on parle longtemps, il est sympa. Au milieu d'une conversation, de son plus grand sérieux, il nous sort un « boudu con », qui nous cloue sur place! C'est un souvenir de son voyage à Toulouse il y a quelques années... il y a des choses qui ne s'invente pas!

Il nous fabrique des casses-têtes qui ne casse pas la tête à David, il est trop fort! Contrairement à notre habitude, on lui laisse queques dollars, on l'aime bien, et moi j'adore ses casses-têtes en fils de fer.

Le trajet en Autoferro nous plaît beaucoup. Les paysages sont effectivement très beaux, on commence à atteindre le coeur des Andes. En Colombie, elles étaient très verdoyantes et on avait un peu de mal à réaliser qu'on était dans LES Andes, les vraies. Ici, les monagnes sont Très hautes et la végétation moins variée. Et puis, par chance, nous sommes seuls dans l'autoferro.



La prise d'otages
Après l'autoferro, nous posons nos sacs à dos quelques kilomètres plus loin, dans le village de la Esperanza. Après des balades ratées et une propritaire vieille peau que nous n'apprécions pas du tout, nous déménageons dans le refuge Terra Esperanza pour célébrer le début de l'Inti Raymi, une fête équatorienne.

Là, nous avons été victime d'une prise d'otage par une famille. Pendant quatre nuit cette famille nous en a fait voir de toutes les couleurs, et ce n'est rien de le dire. Le dénommé Emerson s'est chargé de nous appater. Et puis il y a eu le papa d'Emerson, avec sa gueule de mafioso tout droit sorti d'un film de Kusturica; Maria, la fille et Maria Emilia, la petite fille avec sa gueule d'ange; Paul (prononcé Paoul), l'autre fils et, Diego le beau fils, l'un des éléments les plus dangereux de la bande. Mais, la plus redoutable fut Ines, la Maman. Ses armes, un petit sourire maternel tendre, sa carafe d'aguardiente et la corne qui sert de verre.... Aïe Aïe Aïe... la corne, terrible corne. Et on nous fait le coup de la chicha... cet alcool de maïs fermenté qui monte vite à la tête. Surtout quand on le mélange à du whisky et de la bière!

L'Inti Raymi réuni tout le village, les maisons sont ouvertes et toute la nuit des groupes de musiciens passent jouer dans chaque maison pendant quelques minutes, ramenant avec eux une foule de personnes qui viennent boire et danser. L'air joué est toujours le même, les paroles varient parfois, la ronde tourne et lorsqu'on entend un « vuelta » on change de sens. C'est assez simple en soit. Tout le monde porte un chapeau, un poncho, des jambières de cow-boy en moumoute, ou un masque en tissus coloré... et nous aussi, on se retrouve avec des chapeaux sur la tête.

Ines et Diego, Emerson et les autres se sont chargés de nous faire comprendre, que chez eux, ça ne déconne pas. A coup de cornes toutes les 10 minutes, chuleta, on été pétés commes des coings tous les 4. Ok, tout le monde était pété, mais nous en plus, on était trop émus de se retouvrer au milieu de tous ces gens adorables, seuls pauvres touristes égarés. Lisa et moi avons battu Bob et David, qui se sont couchés lamentablement vers 1heures du matin. Faut dire que l'on n'a plus trop l'habitude de boire beaucoup.

On comptait rester juste une soirée, mais, comme je vous l'ai dit, on s'est fait prendre en otage, la fête dure trois jours, au même rythme... Samedi matin, Ines nous salue avec des grosses bises maternelles, impossible de s'enfuir. J'apellerai ça du chantage affectif!

L'après-midi nous assistons, un peu vaseux, à l'Inti Raymi officiel. Tous les ans, des familles empruntent un ou plusieurs poulets et, l'an d'après, la famille doit rendre le double de ce qu'elle a emprunter. Les poulet suspendus par les pattes défilent donc devant nos yeux, la musique résonne dans tous les coins, on en prend vraiment plein les yeux.

A 18 heures, Diego et Ines ressortent la carafe et la corne... ouh!

Samedi soir, c'est moi qui m'écroule lamentablement à 20h, après la bonne soupe d'Ines. Je la soupçonne d'ailleurs d'y avoir versé autre chose que du bouillon de poule. Ou alors se sont les « Chichos » que je n'ai pas digéré... enfin toujours est-il que je m'endors au son des groupes qui défilent dans la maison. David et Bob sont en pleine forme!

Dimanche matin, troisième jour de prise d'otage. La famille nous a trouvés « triste » le samedi et veut donc, pour que l'on se sente bien, nous déguiser en indigène Lisa et moi... le visage des mecs s'éclaire d'un sourire sadique. Ils veulent nous voir ridicules. Encore une fois, impossible de refuser, on risquerait de décevoir Ines, que nous appelons désormais Mama. Elle nous habille donc, comme si nous étions des poupées. Comme on le craignait, on est ridicules. Ines fouille dans un sac, et cette fois, se sont Lisa et moi qui avons le rire sadique... Samy et David n'y échapperont pas, eux aussi se retrouvent affubler d'un costume de petit indien!

Notre premier pas dans la rue fait rire tout le monde. Les petites mémés indiennes, d'habitude si timides, se fendent la poire. Aujourd'hui, je peux vous affirmer une chose, le ridicule ne tue pas! Et, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous nous retrouvons au milieu de la famille d'Ines au grand complet (soeurs, cousines...) et nous défilons en dansant dans la rue, avec un orchestre et une cargaison de poulets derrière nous. Quelques touristes arrivés la veille dans l'hôtel de la vieille peau, nous prennent en photo... Après la remise des poulets et avoir dansé dans une foule de villageois, Bob et David ont droit, en leur qualité d'otage, à un châtiment corporel: le fouété à l'ortie. C'est Emerson qui se charge de le faire ce rituel aux vertues régénérantes, à nos deux hommes torses nus. Des guilis aux ortis, arrosés à l'aguardiente... En tout cas ils ne sont pas des chiffes molles!

Après le rituel, la fête continue de plus belle. Diego et Ines sont toujours redoutables avec la corne, mais la tournée de soupe en famille nous fait du bien! Tard, quand tout le monde a quitté les lieux, nous restons discuter avec Mama au coin de la cheminée... Elle nous raconte les frasques de son mari, tel un véritable latino, la fidélité n'est pas son fort. Avec son air irrésitible, elle nous demande de rester un jour de plus, demain elle organise une soirée en famille et nous cuisine un poulet à la braise.

Lundi, balade avec Emerson, balade en famille et repas en famille. On fait des jeux, tous autour du feu, pour amuser la petite Maria Emilia. Un moment unique! La maman, le papa, les frères, la soeur, la petite fille, le beau fils... merci pour tout, vous êtes en or, on ne vous oubliera Jamais. Gracias. Ya ya! (ça doit être le syndrome de stockholm qui me fait écrire ça!).

Otavalo, le cuy et Cuicocha
Lorsque nous parvenons à échapper à la famille, nous partons vers Otavalo, une petite ville assez touristique et réputée pour son grand marché artisanal. Atmosphère plutôt agréable mais le marché ne nous inspire pas vraiment car justement, il est très touristique et les petits indiens nous prennent pour des gringos (=pigeons).

Nous cherchons désespérément à goûter le cuy, la grande spécialité équatorienne et péruvienne. Pour tout vous dire, le cuy n'est rien d'autre que du cochon d'inde. Oh sacrilège! Mais nous on s'en moque, nous n'avons jamais eu de ces bébètes quand nous étions petits et on veut goûter. Et puis tout le monde nous dit que c'est bon alors... Mais impossible de dégoter du cuy (ah oui, ça se prononce « couille »!). Fautes de cuy, nous grignotons des boulettes de purée avec de la viande, le tout bien cuit dans la graisse et, pendant notre digestion sur la place centrale d'Otavalo, nous tombons sur le colombien Celimo, qui trop content de nous revoir, nous offre une bière.

Otavalo est une bonne base pour explorer les environs et nous nous lançons dans le tour du lac de Cuicocha, un très beau lac de cratère, au pied du volcan Cotocachi et face aux volcans Imbabura, Cayambe, et au loin, Cotopaxi. C'est le début de la route des volcans équatoriens, tous aussi beaux et fascinants, comme en Amérique Centrale. Encore un point commun avec le Guatemala qui nous comble. Le tour du Cuicocha culmine à 3500, et la vue sur le lac bleu et les volcans est très belle....

Otavalo est aussi connu pour ses indiens, et surtout les tenues de ses indiennes.... bien plus jolies que celles dont la famille nous a affublé! Les magasins de « mode indigène » locale se succèdent, les nanas font du shopping et ça rappelle étrangement la rue St Rome un samedi! Sauf qu'elles n'achètent pas débardeurs et escarpins, mais huipiles et alpargatas!

L'hémisphère sud

Nous passons la ligne symbolique de l'hémisphère sud quelques kilomètres avant d'arriver à Quito, la capitale. Du haut de ses 2800m d'altitude, Quito est la seconde plus haute ville du monde! Mais tout près, le volcan Pinchicha monte à plus de 4700m, ça devient très sérieux! Au pied de ce volcan et coincée dans une vallée, la ville s'étend sur des dizaines de kilomètres de long. Nous partons à la décourverte de cette belle ville, classée au patrimoine mondial. Les beaux édifices de l'époque coloniale sont plus pompeux que l'architecture coloniale colombienne, mais ça a tout de même un sacré charme. Difficile de trouver un hôtel pas cher dans le vieux centre, mais en persévérant, on y arrive.



Comme Caracas et Bogota, Quito est elle aussi dotée de son téléphérique. En quelques minutes nous voici téléportés à 4100m. De là, nous partons à la conquête du Ruco Pinchicha à 4700. Les doigts dans le nez! Mais nous n'avons pas été récompensés par la vue, qui ce jour là était complètement bouchée. Des nuages de tous les côtés, y'avait qu'à faire marcher notre imagination pour imaginer à quel point le paysage est beau par temps clair (parole de Carlos, l'équatorien qui nous a guidé sur les derniers mètres de montée dans les nuages!).


Et puis, nous n'avons pas résisté à faire la visite de « la Mitad del Mundo » (la moitié du monde), lieu où une expédition de français a, en 1700 et quelques, tracé la célébre ligne de l'équateur. Cocorico, ces scientifiques français ne s'étaient trompés que de 300 petits mètres dans leurs calculs. C'est un haut lieu du tourisme dans le pays et nous nous levons tôt car notre but et d'avoir une photo sans aucun parasite dessus. Le lieu est purement symbolique et est dénué de tout charme.



El condor pasa
Au diable les grandes villes, nous avons besoin d'air pur et de grands espaces, le Ruco Pinchicha, n'a fait qu'accroître notre envie de montagne. Et c'est le petit village de Chugchilan qui nous ouvre ses bras. Encore une fois c'est bien difficile de décrire ces paysages. Ici la vie se déroule en haut, oubliés les fonds de vallées sombres. D'ailleurs, on ne voit même pas en bas, on devine juste un petit rio qui coule au fond. On est impressionné par la pente des champs cultivés. La spécialité c'est le chichos et les petites fleurs violettes sentent drôlement bon. Et puis, ici, il y a des lamas, des vrais, pas pour amuser le touriste. C'est beau beau beau. On n'est pas sûrs d'avoir vu les condors, mais on imagine très bien le célèbre morceau en fond sonore dans le bus. Malheureusement c'est Aventura qui nous accompagne, ce chanteur devrait recevoir le prix du chanteur le plus écouté en Amérique Latine, il nous poursuit depuis le Mexique, on n'aime pas, coupez lui les cordes vocales!

Dans le bus qui nous emmène à Quilotoa, nous écoutons Aventura, une roue crève et un petit garçon vomit (heureusement, nous avons développé un 6ème sens pour ces situations et nous levons nos gros sacs à dos in extremis!)... la routine quoi!

Je me souviendrai longtemps de l'arrivée à Quilotoa: 7h00 du matin, un vent glacial, 4000m d'altitude. Un type nous propose de nous montrer ses deux chambres d'hôtel, on le suit, ça nous convient. Nous faisons la connaissance de ses enfants, Gustavo, 12 ans; Kevin (Kebin), 5ans; Sisa, 6 ans et Michelle 9 ans. 4 gamins hors du communs. Tels de vrais petits montagnards andins, ils ont les joues rouges et tannées par le soleil et le froid. Ce n'est plus de la peau qu'ils ont sur les joues, mais du cuir!

Munis de toutes nos polaires et de tout ce que l'on a pu trouver dans le sac à dos à se mettre sur le dos, nous partons nous balader autour du lac de Quilotoa. Encore un coin de nature absolument magnifique où l'on pourrait rester longtemps.

Le soir nous passons la soirée autour du poêle à bois avec la famille. Sisa nous donne un cours très sérieux de quechua (on pourra désormais communiquer plus facilement avec les vendeurs de Décathlon!!) et le petit Kevin cherche à se faire câliner et dorloter, car ces petits mômes si mignons sont traités comme des adultes avant l'âge. D'ailleurs, je lui étalerai bien un tube d'Homéoplasmine sur ces grosses joues rouges, au petit Kevin, pour ensuite le bouffer de bisous.

Samy sort ses balles de jonglages et Gustavo est baba... lorsqu'il essaie de jongler à son tour, son sourire d'ange enfantin apparaît sur son visage. Mais corvée de bois et s'occuper des touristes sont son lot quotidien. La petite Michelle vend des bonnets et des gants sur un stand touristique. Kevin est encore trop petit pour aider les parents et la petite bête qui monte qui monte me vaut un grand fou rire et un petit calin!

N'allez pas croire que les parents exploitent leurs enfants. Ils ont leurs corvées à la maison, mais en période scolaire vont à l'école. Ce qui est déjà énorme.

La réalité me rattrape, il n'y a pas internet dans cet endroit si agréable, et je ne peux pas me permettre de prendre trop de retard avec mes traductions. Nous devons regagner la civilisation. Lisa et Bob restent, ciao les amis et bonne route.

Après 3 semaines de voyage ensemble (plus 10 jours au Venezuela), on a bien rigolé, parlé et descendu l'Abuelo!

Plus au Sud
C'est à Latacunga que nous retrouvons internet... mais ce qui va avec, bruit, pollution, ville..... ah Quilotoa, tu nous manques déjà!

L'étape suivante se déroule à Banos, une petite ville tranquille située au pied du volcan Tungurahua. Le routard écrit que ce volcan actif pourrait recouvrir la ville de lave en moins de 15 minutes en cas de grosse éruption... même pas peur! Nous restons quelques jours, sans profiter des sources thermales volcaniques car la population équatorienne en vacances est trop nombreuse pour nous. Nous nous contentons de regarder le Tungurahua cracher sa fumée et de goûter le cuy. Ah le cochon d'inde... ils en font tout un plat, ça ne casse pas des briques, faudrait peut-être le cuisiner à la française...



Plus au sud, c'est à Riobamba que nous posons le sac à dos. Riobamba, quel nom! On se croirait dans une chanson de Manu Chao... riobamba c'est comme radio bamba sound system... on aime!

De Riobamba nous partons affronter le Chimborazo, 6310m, plus haut sommet du pays. Non, je plaisante, nous allons nous contenter du refuge numéro 2, à 5019m, c'est déjà pas mal. Le bus nous laisse à l'entrée du parc, sur un col balayé par les vents glaciaux, à quelques 4300m d'altitude. On s'acquitte du droit d'entrée et on commence notre rando. Munie de mon super bonnet andin et de nos méga polaires La Poste, nous sommes prêts à affronter vents et... hautes altitudes...

Ici encore plus qu'ailleurs, la vue est magnifique et (grâce à mon super bonnet de la toute puissance des Andes!), le soleil est avec nous. Il n'y a presque pas de végétation, tout juste quelques herbes et quelques rares fleurs. Le Chimborazo est là, imposant et resplendisant, 2000m nous séparent de son sommet enneigé. Des lamas à poils courts, des vigognes, broutent les quelques herbes qui ont eu la drôle d'idée de pousser sur les flancs de ce volcan. Ils sont beaux et sauvages, les grands espaces sont à eux!

La marche n'est pas si difficile, ça monte tranquillement et nous ne sentons pas encore les effets de l'altitude. On commence à être habitués à vivre au dessus de 2500 depuis pas mal de temps maintenant et les balades à plus de 3500 sont fréquentes. En arrivant au 1er refuge, à 4800, quelle ne fût pas notre surprise en découvrant une boîte à lettre des PTT françaises! Une jaune comme chez nous!

200m plus haut, après 2h30 de montée au total, nous voici à 5019m... des plaques de neige ne fondent plus, le glacier du Chimborazo est plus prêt que jamais, la vue est... (je suis à cours d'adjectif qualiticatif!). Nous goûtons à une infusion de feuilles de coca pour nous requinquer, paraît que c'est fait pour ça! Et puis nous partons crapahuter au dessus du refuge. Vers 5100, l'effet de l'atitude se fait sentir... la tête tourne! Après avoir savouré la vue, les nuages nous rattrappent et nous redescendons. Sacrée journée.

Au petit matin, dans notre hôtel pas cher, quelqu'un frappe à la porte de la chambre... Diable, qui ose nous réveiller à 5h00 du matin, après la rando d'hier, on est morts! « Policia, abre por favor! ». Après vérification des papiers d'identité (nous sommes en règle) nous retombons dans les bras de Morphée... La police devait chercher quelques clandestins sans papier, ils sont repartis bredouille... bin oui, c'est ça quand on dort dans l'hôtel le moins cher de la ville.

Encore plus au Sud

En quête de bonne ambiance, nous partons dans le village de Guamote où se tient un grand marché indigène. Nous arrivons la veille du marché et assistons aux préparatifs. Les sacs de carottes défilent sous nos yeux, dans des camions, dans des pick-ups, dans des voitures, dans des charettes... des centaines de sacs de carottes, de quoi rendre tout un peuple aimable. Ce balai continue jusque tard dans la nuit et quand nous nous réveillons au petit matin, ce ne sont pas que des carottes que nous trouvons dans la rue, mais de tout, partout. Il y a le coin des bovins, attention c'est dangereux... je ne sais pas si vous avait déjà vu un gamin de 12 ans tenir en taureau en laisse, C'est quelque chose! Et quand un latino , qui en principe ne s'affole jamais, se met à crier « Cuidado, cuidado », vous ne réfléchissez pas, vous partez en courant! Un peu plus loin, il y a le coin des sacs de carottes, des graines et des légumes en tout genre, plus haut se sont les fruits, et au bout du village à gauche, c'est le marché des animaux. Cochons, moutons lamas... Et vas-y que j'te charge un mouton et deux cochons sur le toit du bus...

Ce marché déjà bien sympathique, est d'autant plus particulier que les femmes indigènes ont une curieuse façon de se vêtir. Je ne dirais pas que les tenue sont jolies comme celles d'Otavalo, mais le tout est fort plaisant et photogénique! Les femmes superposent 4 ou 5 jupes très colorées, 3 ou 4 châles tout aussi colorés mais pas forcément assortis aux jupes, le tout surmonté par un petit chapeau blanc à pompons eux aussi colorés. La mère Noël n'a qu'a bien se tenir, le vert et le rouge des indiennes de Guamote détonnent dans le paysage!

Après toutes ces couleurs, nous allons à Ingapirca, un site Inca. Un très mauvais accueil d'une vieille carne qui nous a pris pour des couillons nous fait rebrousser chemin, au diable les ruines inca, on se casse.

Ensuite, Cuenca, belle ville coloniale classée à l'Unesco. Au détour d'une rue, oh surprise! Mais qui vois-je? Cloé et Erick, nos amis routards rencontrés au Guatemala au mois de janvier. Nous avions échangé quelques mails au cours du voyage, mais nous n'avancions pas du tout au même rythme. Ils ont fait les escargots en Amérique Centrale et ont accéléré le rythme en Colombie... nous voici ensemble à Cuenca, et dans le même hôtel s'il vous plait! Ce sont les bonnes surprises du voyage. On ne connait pas beaucoup les gens, mais pourtant, quand on les recroise, on a l'impression de les connaître depuis longtemps. Echange de nos histoires de voyageurs, on a traversé les mêmes pays et pourtants nos expériences sont vraiment différentes. C'est un plaisir!


Direction Loja, où sur le pallier de notre chambre nous parlons avec Renée et Eliane, deux vieilles frangines routardes, qui ont parcouru les routes de France et de Navare et même plus loin! Sympathique rencontre de deux phénomènes, avec leurs sacs à dos des années 70, un sac à patates (un vrai) en guise de housse protège sac, leurs jupes de babas, leurs sandales avec chaussettes et, leur accent très bourgeois... un mélange haut en couleur, qui largue maris et enfants pendant des mois pour parcourir le monde...



Vilcabamba, est une toute petite ville assez proche de la f'rontière péruvienne... l'appel du Pérou est là, mais non, pour nous c'est presque fini. Nous retrouvons Erick et Cloé qui eux continuent jusqu'en Terre de Feu! je suis jalouse, je promets que quand on va rentrer en France je les ferai baver en leur parlant cuisine (oui, il faut le savoir, sans le vouloir, nous avons BEAUCOUP parler cuisine! On est français, on n'y peut rien!). Vilcabamba pourrait être l'endroit rêvé pour vivre... mais ça l'a été pour trop de gringos et ça gâche un peu l'ambiance. Il manque les indiens et un peu d'authenticité. On y reste quand même plusieurs jours, les alentours sont superbes et les balades aussi. Cloé et Erick repartent sur la route, mais on rencontre Pascale et Denis, deux parigots, la 40aine ou 50aine, sur le continent américain pour quelques semaines de vacances. D'agréables moments partagés autour d'une Pilsener « refrescamente ecuatoriana »!

Jeudi 12 août 2010, vers 07h00 du matin, nous avons ressenti notre première secousse sismique du voyage... oui la terre a tremblé, enfin! Bin ouais, on ne pouvait pas avoir traversé l'une des zones les plus sismiques de la planète sans ressentir une secousse... on en voulait une petite, juste pour la sensation, on l'a eu, on est contents! L'épicentre était situé dans une zone en Amazonie équatorienne et a atteint quelques 7,2 sur l'échelle de Richter.... Chuleta, c'est beaucoup, heureusement qu'elle était profonde sinon ça aurait pu raser des villages entiers, et peut-être nous avec! Merci bonne étoile, y'a pas eu de dégats pour personne et on a eu notre sensation forte!!!!

Quand nous arrivons à Zaruma, la ville est bondée de touristes équatoriens en vacances. C'est le week-end du 15 août en plus, difficile de trouver un hôtel. C'est une belle ville coloniale très différente de celles que l'on a vu auparant. Ça fait très décors de Lucky Luke, avec les maisons et les trottoirs en bois sous de belles arcades. Sur la place centrale, une maison ressemble à un sucre d'orge! Nous y croisons encore Cloé et Erick, cette fois c'est sur, c'est la dernière... Ciao et bon vent à vous (je suis toujours jalouse!).

La veille du 15 août, comme en France, nous avons droit à un petit feu d'artifice... toujours aussi flippant! Les fusées fusent dans tous les sens, on ne se sent en sécurité que derrière une colone à l'abris des arcades! Toute la nuit, les pétards qui accompagnent le feu d'artifice, déclanchent l'alarme d'une voiture garée devant l'hôtel... et vous ne pouvez pas imaginer à quel point les alarmes des voitures latino-américaines sont irritantes. Du Mexique à l'Equateur, dans les 11 pays que nous avons traversés c'est la même, et rien à voir avec une alarme française. Celles-ci sont multibruits! A 5 heures du matin, nous voici pris d'un gros fou rire à moitié endormi... putain, ça va nous manquer tout ça...


La fin de l'Amérique du Sud

Deux heures après notre fou rire hyper-matinal, nous prenons le bus pour Guayaquil, d'où nous prendrons l'avion pour Mexico. La ville tient une très mauvaise réputation, mais en parcourant ses rues, nous découvrons un centre plutôt sympathique, de beaux édifices et un malecon (promenade sur un front de mer ou de fleuve, ici, fleuve), très animé.

Le quartier du Cerro Santa Ana est une sorte de petit Montmartre local, en plus coloré. Du haut du Cerro, on regarde les avions décoller, dans quelques heures on sera dedans...

On va mettre moins de 4 heures pour remonter ce que l'on a mit 10 mois et demi à descendre... ça passe vite, très vite, trop vite!