vendredi 3 septembre 2010

Au pays de Lupita

A la frontière
En Equateur: Après les traditionnels contrôles de sécurité, nous avons cru que l'on allait revivre un remake de Midnight Express, en entendant mon nom (sérieusement déformé genre 'clo ouctéaou') appelé au micro de l'aéroport. Comme on nous le demandait, nous nous présentons à la porte d'embarquement et le type nous dit que nos bagages vont être fouillés, par des gros douaniers, avant d'êtres chargés dans l'avion. Finalement, après un petit contrôle, tout va bien, personne n'a glissé de substances illicites dans nos sacs!

Au contrôle de l'immigration, une bonne femme zélée dévisage David, qui bien entendu, ne ressemble plus trop à la photo sans barbe d'il y a 5 ans! Et oui, 5 ans + 1 barbe, ça vous change un homme!

Enfin bref tout ça pour dire, que nous, on n'aime pas les frontières dans les aéroports, on préfère les bonnes vieilles frontières terrestres, les vieux ponts entre deux pays et les flics qui demandent où est inscrite ta date de naissance sur le passeport (rappelez vous, il y avait trois possibilités: 1982, 2005 et 2015!)

Au Mexique: plus de questionnaire de santé pour savoir si tu as la grippe H1N1 comme en octobre dernier, la grippe est enterrée!

MexiIIIIcoooo
Nous mettons le nez dehors après une bonne nuit de sommeil. Nous redécouvrons avec un immense plaisir Mexico, ses églises et immeubles pas droits, sa place géante, ses odeurs de tacos, sa beauté. C'est un vrai plaisir de se balader dans les rues de la ville. La 1ère fois on pensait que l'altitude nous tournait la tête, cette fois on réalise que ce n'est pas du tout ça... ce sont les bâtiments penchés et déformés qui bouleversent notre sens de l'équilibre. Rien n'est plat, rien n'est droit, même si tout à l'air plat et droit!

Notre perception de la ville est différente, nous avons 11 mois de folie latino dans les yeux et les oreilles. Mexico a moins l'air d'un souk géant, elle ressemble toujours à une grande ville immense, mais elle nous paraît « normale ».
Nous profitons de ce retour à la case départ pour faire ce que nous n'avions pas pris le temps de faire, car en octobre nous voulions juste échapper à cette géante grouillante. Maintenant on a l'impression de la connaître, elle ne nous étouffe plus.
De ruelles en ruelles, dans le quartier de la Calle Moneda, on écoute le bruit incessant des marchants à la sauvette qui s'égosillent pour vendre leur camelote: « a diez a diez a diez... ». A 10 pesitos on trouve tout, on trouve des slips, des chaussettes, des sacs, des pots de colles, des chapeaux, des drapeaux, des peignes... La Santa Muerte du coin de la rue a changé de robe, elle est bien plus belle que le Jésus à bosse en face d'elle. L'étalage de piments qui mettraient le feu à des dragons est toujours là, le drapeau du Zocalo est rangé et les autels de la Vierge de la Guadalupe (Lupita pour les intimes) fleurissent.

Au pays de Lupita, les catcheurs sont aussi sacrés qu'elle, la lucha libre déchaine les passions, les tortas al pastor n'attendent que nous, non c'est plutôt nous qui n'attendons qu'elles... J'ai presque oublié le goût des tortillas... la seule différence avec octobre, c'est que maintenant je les aime!
Le piment pique toujours, les mexicains sont toujours aussi gros et moustachus, toujours aussi félés de mettre autant de « chile » dans leurs estomacs, un peu ça va, mais une véritable dose mexicaine vous collerait au plafond pour des lustres!
Mexico en Juillet c'est aussi Mexico sous la pluie. Par chance le déluge ne s'abat que le soir, ce qui nous laisse le temps de profiter de la fin des journées à la terrasse d'un « Salon Corona », au son des musiciens des rues. La ville se pare des ses atours verts, blancs, rouges et s'apprête à célébrer le bicentenaire de son indépendance et le centenaire de la révolution. Zapata est porté aux nues, les zapatistes du Chiapas pas vraiment.


Nous prenons la direction de Coyoacan, le quartier bohème où vivaient Frida, Diego et leur ami Léon... Oui, Frida Kahlo, Diego Rivera et Léon Trotsky hantent toujours ce beau quartier et la maison bleue des plus célèbres peintres mexicains est un petit havre de paix, transformé en musée. Décidément, après les Ortega, Correa, Chavez, les esprits communistes latinos parsèment notre parcours. Quelqu'un a même laissé sur notre route l'autobiographie de Neruda, que nous avons dévoré sans indigestion, c'est pour dire.
On aime les brouillons des muraux de Rivera, qui fait la nique à Rockfeller en peignant un petit Lénine dans l'empire capitaliste,même si la peinture finie à la « casse »; on aime son histoire d'amour avec Frida, même s'il a été un gros salop; on aime ses mosaïques sur les plafonds de l'Anahuacalli, où les faucilles et les marteaux se mêlent aux Quetzalcóatls précolombiens.


Des villes coloniales
Des villes coloniales il y en a tout un tas au Mexique et elles sont presque toutes classées au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Le choix est difficile à faire, mais, faute de pouvoir aller à Real de Catorce par manque de temps, nous optons pour Guanajuato. C'est tout près sur la carte, juste à 6 heures de bus en vrai!

Guanajuato ressemble à une immense pyramide en matière gruyère. De magnifiques tunnels en pierres passent sous la ville, comme un métro sans métro mais avec des voitures et des bus. Les placettes sont toutes aussi belles les unes que les autres et les escaliers qui montent et descendent partout rendent l'endroit unique, sans les cuadras droites qui caractérisent les villes mexicaines. De loin la ville ressemble à un tas de légos colorés. On aurait pu y rester des jours et des jours, à flâner dans les rues, regarder les vieux musiciens, acheter des avocats au petit marché, boire une Victoria sur le toit de l'hôtel. On sent la nostalgie nous gagner petit à petit. On ne peut s'empêcher de penser que tout cela sera bientôt fini, cette douceur de vivre sans contrainte...

De Guanajuato nous partons pour Morélia, une autre ville coloniale mais dans un tout autre genre. Les bâtiments sont en pierres rosées, plus grands et plus droits qu'ailleurs. C'est beau mais je préfère le charme délabré d'autres lieux. Nous trouvons notre bonheur colonial à Patzcuaro, plus petite, plus jolie, plus simple. Ici les maisons sont rouges et blanches, en adobe, avec de beaux toits de tuiles oranges. Il y a quelques indiens P'urepecha et plein de vie sur la place San Agustin. Nous y restons 3 jours, nous en partons lorsque nous découvrons dans le Routard que le volcan Paricutin est tout proche.

Le « petit mais costaud »
Vous avez probablement déjà entendu l'histoire du paysan qui un jour, découvre un volcan qui a poussé dans son champ de maïs... Le volcan grossit grossit grossit, crache des tonnes et des tonnes de lave et engloutit tout ce qu'il y a autour... et bien le Paricutin, c'est la même histoire!

En 1943, un grand champ de maïs est devenu un grand champ de lave noire. Quand je dis grand champ, c'est très grand champ que je veux dire... des dizaines de km2 de lave. Mais la petite particularité de ce lieu, c'est que le volcan a tout englouti - la couche de lave mesure parfois plus de 10m d'épaisseur- sauf la façade et l'autel d'une église.
Inutile de vous dire à quel point l'endroit est beau et surréaliste!

Les gens du coin crient « oh miracle »! Ouais bon, faudrait quand même leur dire que l'église est bien plus haute et bien plus solide que les maisonnettes en bois traditionnelles des P'urepechas et que c'est probablement pour cette raison que l'église a survécu. Pour nous, le lieu est magique, mais par sa beauté . Tout comme à El Palmar Viejo, le village guatémaltèque coupé en deux par une coulée de boue volcanique, ça vaut vraiment le détour. Caramba, on en reste comme deux ronds de flan.

Tout au long de ce voyage, notre luxe a été de prendre notre temps. Si deux semaines n'étaient pas suffisantes pour arriver jusqu'à Real de Catorce, nous avons pris le temps de rester à Angahuan, près du Paricutin. Deux fois nous avons pu passer des heures près de l'église et face au volcan toujours fumant, sans aucun autre touriste. C'était le bouquet final du voyage, nous imprégner à 100% de cet endroit unique et envoûtant. Un rayon de soleil, crapahuter dans la roche noire, s'asseoir deux heures devant le volcan, rester autant qu'on le veut devant l'église, la regarder, la contempler, seuls, ça pour nous, c'est le bonheur.

Le village d'Angahuan est donc un village P'urepecha typique. Les gens parlent peu espagnol et, quand ils le parlent c'est avec un accent bien pire que le notre! Les ruelles pavées, la terre noire volcanique, la pluie, les chevaux, les indiennes, on se croirait au Moyen-Age. Des voix parlent dans des hauts-parleurs en P'urepecha, un brouhaha terrible et incompréhensible raisonne dans tout le village . Ça ressemble à l'appel à la prière des muezzins d'une grande ville marocaine, mais en continu. Par curiosité on demande à la petite indienne de l'hôtel qu'est-ce qu'ils peuvent bien raconter, est-ce que ce sont des prières pour que tout le village en profite? Ah! Ah! En fait, ces chers gens font leur propre publicité dans le haut parleur de la mairie: lundi à 11h, chez monsieur X, il y a des tortillas à vendre; à 11h45, chez Mme Y, des oeufs; à 13h chez la famille Z, du lait.... et comme ça, toute la journée, tous les jours!
Un type qui nous a proposé de nous vendre des barres de constructions aurait mieux fait de faire son annonce au micro du village! (ça faisait un peu lourd comme cadeau, même si Karelle et Alain en ont peut-être besoin)

Et pour finir
Nous quittons le Paricutin, les P'urepecha, leurs hauts-parleurs et l'odeur du crottin, pour regagner le DF. Nous passons encore trois jours dans la capitale, avec chaque jour qui nous rapproche du départ, une boule dans le ventre et un noeud dans la gorge... ou peut-être un noeud dans le ventre et une boule dans la gorge, ou les deux, enfin bref...

On visite le grand musée d'anthropologie de Mexico, on fait du shopping de cadeaux, nos sacs s'alourdissent à chaque peso dépensé! On se régale chez les bouquinistes de la calle Donceles, où les chats sont rois et veillent à ce que les souris ne s'enfilent pas trop de lecture. Ces boutiques sont immanquables, avec leurs étagères immenses pleine de livres. Elles sentent fort le pipi de chat mais sont tellement authentiques...
On goûte le fameux « chile en nogada », célèbre recette mexicaine que l'on ne voulait râter pour rien au monde, et heureusement car c'est probablement la meilleure chose que l'on a mangé depuis le 2 octobre 2009!

Les journées passent vite, c'est l'heure de partir, pour de vrai. C'est une drôle de sensation, l'envie de rentrer retrouver ma petite famille et mes amis et la forte envie de rester. Tout serait bien plus facile si les gens venaient nous voir ici! Rentrer... mais quelle idée! On est si bien ici.

Le retour
Tout est bien qui fini bien, ma mère et Patrick, les irréductibles gaulois qui nous avaient laissés à l'aéroport en octobre, et rejoins en mars au Costa, nous attendaient de pied ferme à la sortie de l'avion...
Maman m'accueille avec une bonne nouvelle, ma Mousine a accouché d'une petite crevette, Oui la terre tourne aussi dans le bon sens quand on est en voyage...

Petit tour de Paris by night en Super 5, repas pâté-vin-fromage... de quoi remettre nos estomacs dans le bain de la douce France. Remise des 1ers cadeaux.
Le retour signifie que l'on peut désormais: boire l'eau du robinet et jeter son PQ dans la cuvette des WC, mais que l'on ne peut plus critiquer à voix haute les gens en français.
Après une bonne nuit, direction Draveil, chez les parents de David... cette fois nous sommes attendus avec tarte à la rhubarbe et champagne. Oh quel accueil! 2nde remise de cadeaux.
Comme l'a dit notre compañera Julia quand elle est rentrée de son voyage « ça a du bon le retour! ».

Le bilan et les mercis
11 mois
11 pays
22000 km en avion
21000 km sur la route en bus, en lancha ou à pied
de belles rencontres...

Merci à tous ceux qui ont rendu notre route si agréable, les routards français Julia et Matthieu, Lulu et Lolo, Cloé et Erick, Samy et Lisa, et pour ces agréables moments partagés et les rigolades arrosées de Gallo, Polar, Aguila, Pilsener, Abuelo...

Une grande pensée pour Isaora au Mexique; Maykam au Guatemala et Gordon quelque part sur Terre; Ivan, Tecairo et les emberas au Panama; Johnvani en Colombie et Roni et Dani nos compagnons de la Ciudad Perdida; Lourdes et Ciro, François et Noris au Venezuela; Ines et toute sa famille, et les loulous de Quilotoa en Equateur, et bien sur tous les autres que l'on a croisé quelques minutes ou quelques heures mais que l'on n'oubliera jamais.

Merci à la bonne étoile de nous avoir accompagné jusqu'au bout (et que le séisme ait été profond!), et puis à ceux qui ont suivi nos aventures et pour tous vos mots sur le blog et l'écriture, je vais trop me la raconter maintenant!

Ce que l'on ne vous a jamais dit
*En altitude, au dessus de 2500m on pète beaucoup plus, ça doit être une histoire de pression!
*David a dit : « c'est bien de voyager à deux, comme ça on n'a pas un gros à côté qui nous écrase dans le bus! »
*On traite les gros de gros et les cons de cons, en face et en français (c'est lâche mais c'est pratique!)
*On ne supporte pas les américains du nord qui parlent fort avec leur accent de canard WC et qui considèrent que l'Amérique Centrale est le 51ème état des Etats-Unis
*L'eau de Tulum et de Roatan était si belle et claire qu'on n'osait même pas faire pipi dans la mer
*David a vomit deux fois au lit et il ne s'en rappelle même pas (la faute aux amis de Marie-Ange et à la famille d'Ines)-rectification de David: Chloé m'a vomit 2 fois dessus alors que je dormais-
*J'ai eu une probable hépatite A cet hiver
*On a fait des affaires avec des latinos à l'heure de la sieste, au moment où ils sont le plus vulnérables
*On ne disait rien quand on nous rendait trop de monnaie, même quand c'était des mamies gentilles (trop marre de se faire arnaquer!)
*On s'habitue vite à voyager crados et à garder le même tee-shirt pendant des jours (mais, à tous ceux qui se posent la question, David a souvent lavé sont tee-shirt vert, qui est inusable et sèche vite)
*On n'avait pas prit d'assurance voyage (oui maman je sais, ce n'est pas bien!)
*J'ai presque pleuré le dernier jour à Mexico en entendant LA chanson d'Aventura que l'on a entendu partout, mais pleuré d'émotion, pas de dégoût!
*On connait cette même chanson presque par coeur
*Depuis Tatacoa on veut faire un voyage en touk-touk
*On ne vous donnera pas la recette des chocobananos
*On préfère les « frijoles » en purée
*On a volé un gobelet en métal chez des italiens un peu trop businessmen à notre goût, et sans aucun remord!

Ce que l'on ne vous a jamais montré
*Le touk touk de Tatacoa




*Diego et la Corne


* Groland en Equateur
* Groland en espagnol


Bonus
Et rien que pour vous: (A regarder et écouter avec une grande attention, merci)

Spécial Guatemala:
http://www.youtube.com/watch?v=qjG6PIHg7e0

Spécial Amérique Latine:
http://www.youtube.com/watch?v=WivMb-s_UHI

Nota: Merci d'éviter de nous faire du riz et du poulet pendant les quelques mois à venir!!!

1 commentaire:

  1. Oh boudu, je suis triste moi qd meme, car c tjrs avec tellement de plaisir que je me mettais a lire vos aventures... mais c bien aussi de vous savoir proches de nous et vos familles! Tout plein de bonnes choses pour ce retour et j'adore les dernieres videos Groland!!!

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